Energies renouvelables : lancement du projet "Taqathy+" en partenariat avec l'UE et l'Allemagne    L'Algérie a adopté une approche globale pour faire face au phénomène du trafic de migrants et la traite des personnes    Illizi : aide financière de la Sonatrach à des associations et clubs sportifs locaux    Attaf s'entretient à Addis-Abeba avec la vice-présidente de la Commission de l'UA    Des partis politiques et des organisations dénoncent la décision des autorités judiciaires françaises de placer en détention provisoire un agent consulaire algérien    Début à Alger des travaux du Forum scientifique sur la migration    Le discours du président de la République consacre une orientation décisive pour la construction d'une économie diversifiée et durable    Pluies orageuses sur des wilayas de l'Est jusqu'à lundi    Installation de l'équipe technique chargée d'élaborer la nouvelle nomenclature de la formation professionnelle    Des campagnes de sensibilisation aux risques du mauvais usage du gaz naturel    L'Algérie participe à New York aux travaux du Forum des jeunes de l'ECOSOC    Réunion du comité de pilotage du projet de coopération entre le ministère de la Jeunesse et le PNUD    Biskra: coup d'envoi du Festival culturel international de la poésie arabe classique    Tirer les leçons de la crise de 1929 et celle de 2008    2025, l'année de la réussite de l'Algérie    «Pour l'Algérie, c'est le moment idéal pour négocier un accord avec l'empire américain, qui est désormais en position de faiblesse»    Démantèlement d'un réseau de trafic de drogue impliquant le Maroc    Vers l'installation d'un comité technique restreint, chargé de déterminer la répartition des quotas    Hamlaoui présente trois projets d'aide pour les femmes du mouvement associatif    Apanage des seules élites algériennes francophiles    Pourquoi a-t-il choisi l'Algérie et non pas...?    La JSK perd deux précieux points sur son terrain    Ballalou dévoile les sites culturels et naturels proposés pour inscription    L'ambassadeur d'Algérie en Egypte s'enquiert de l'état de santé du joueur Kendouci    Judo / Championnat d'Algérie juniors : CS Ouled El Bahia garçons et MC Alger filles sacrés par équipes    Projection en avant-première du film d'animation "Touyour Essalam", à Alger    Appel à des sanctions contre l'occupation sioniste    Recrutement de surveillants de plages saisonniers    Le cap maintenu sur l'augmentation des exportations hors hydrocarbures    Apanage des seules élites algériennes francophiles    Avec 9 joueurs, l'ESS prive l'ASO d'une égalisation    L'Algérie exprime sa vive protestation suite à la décision de la justice française de placer en détention provisoire son agent consulaire en exercice    "Oueld E'ttir" un projet moderne pour une meilleure mise en valeur du patrimoine chaabi    Inhumation du Lieutenant-colonel Djoulem Lakhdar à Tissemsilt    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    La Coquette se refait une beauté    Le Parlement persiste et signe    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Un rempart nommé ANP    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    Création «prochaine» de délégations de wilayas de la société civile    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le « syndrome de Biskra » refait surface à Alger
La cour d'Alger a jugé hier 4 jeunes pour « atteinte à l'Islam »
Publié dans El Watan le 12 - 11 - 2008

Ils en sont déjà à leur 50e jour de bagne. La maison d'arrêt d'El Harrach se souviendra, assurément pour longtemps, de ces détenus d'un genre à part. Des prisonniers du 3e type « coupables » d'offense à la religion d'Etat. T. Mustapha, M. Farid, T. Houcine et S. Saïd, jeunes Kabyles originaires des Ouadhias (Tizi Ouzou), sont accusés d'atteinte aux préceptes de l'Islam.
Condamnés le 30 septembre dernier par le tribunal de Bir Mourad Raïs (Alger) à une peine de 3 ans d'emprisonnement ferme, assorti d'une amende de 100 000 DA, ils ont été jugés hier en appel par la 5e chambre correctionnelle de la cour d'Alger. Un procès surréaliste comme seules nos juridictions peuvent en produire. Le « syndrome de Biskra » a fait des petits. Retour sur la scène du crime : Val d'Hydra, quartier chic des hauteurs d'Alger, quartier néanmoins musulman, le 21 septembre qui correspondait cette année au 21e jour du mois de Ramadhan, les quatre mis en cause, trimant comme ouvriers sur un chantier de bâtiment, sont embarqués en pleine rue par une patrouille de police.
Motif ? Non-observation du jeûne musulman. La procédure du « flagrant délit » est enclenchée illico presto. Présentés devant le parquet de Bir Mourad Raïs, ils sont placés sous mandat de dépôt et jugés sans l'assistance d'un avocat, 9 jours plus tard. Le tribunal de Bir Mourad Raïs a prononcé la peine la plus lourde, en vertu de l'article 144 bis-2 du code pénal : 3 ans de prison ferme et 100 000 DA d'amende. Hier à la cour d'Alger, l'affaire ressurgit en appel. Au box des accusés, les infortunés jeunots (le plus âgé a 25 ans) que leur escapade algéroise a conduits droit au cachot. Devant le juge, livides, les yeux raclant la clinquante dalle de sol, ils répondent d'une voix fluette, souvent inaudible. La « honte » ? Peut-être. Ils reconnaissent n'avoir pas observé le jeûne.
« Mais pas en public ! » « Qu'on soit clair, leur répond la présidente, vous n'êtes pas ici parce que vous n'avez pas observé le Ramadhan mais parce que vous avez fait preuve d'un manque de respect envers l'Islam et les musulmans, un manque d'éducation, car vous auriez pu ne pas vous exhiber, comme vous l'aviez fait ce jour-là. » Le sermon de la magistrate était tel qu'aucun d'entre eux n'osait lever les yeux. « Libre à vous de ne pas respecter le Ramadhan, mais faites-le chez vous, pas en public. N'offensez pas les autres musulmans », a-t-elle dit.
« Plus sévère que la loi divine »
Les plaidoiries des avocats de la défense replacent les débats sur le terrain purement juridique. maître Iddir Mohamed et sa collègue du barreau de Tizi Ouzou, maître Ould Cheikh, ont chacun tenté de démontrer que l'article 144 bis-2 ne s'appliquait pas aux faits rejugés. L'article punit de 3 à 5 ans ferme et d'une amende pouvant aller jusqu'à 100 000 DA quiconque « dénigre le dogme ou les préceptes de l'Islam, que ce soit par voie d'écrit, de dessin, de déclaration (...) ». Le tribunal de Bir Mourad Raïs a manqué de « sérénité » en rendant un verdict sévère basé sur un article « vague » et « flou », a estimé Me Iddir.
« Quand la sérénité quitte le prétoire, la justice s'en va aussi sortant par les fenêtres », a-t-il déclaré. L'avocat a souligné l'absence d'« éléments de publicité » pour cette infraction . « Pas de cigarettes sur eux. Pas de témoins. » Tout en plaidant la relaxe de son client, Me Iddir affirme que l'application de cet article touche directement à la liberté individuelle. « Si l'on s'en tient à l'esprit de cet article, a-t-il soutenu, il faudrait aussi embarquer et juger tous ceux qui le vendredi sont surpris dehors à l'heure de la prière de la Joumouaâ (prière du vendredi) puisque c'est aussi un devoir. » Et d'ajouter : « La Loi divine elle-même ne prévoit pas de pénalité aussi sévère. »
Le tribunal de Bir Mourad Raïs s'est voulu « plus royaliste que le roi », plaide pour sa part l'avocate Ould Cheikh. Toutes les doctrines de l'Islam affichent tolérance vis-à-vis des non-jeûneurs. « Aucune doctrine, dit-elle, ne les condamne ni à la prison ni à la flagellation. Les seules kafara (acte de rédemption) infligées à ceux ne respectant pas ce quatrième pilier de l'Islam sont d'une grande modération : jeûner 60 jours ou nourrir 60 indigents. » L'avocate s'interroge candidement : « En quoi fumer une cigarette peut-il porter atteinte à l'Islam ? » Il s'agit là, selon elle d'un cas manifeste de « violation des libertés individuelles » garanties pourtant par les lois de la République. Le procureur général, dans son plaidoyer, se contentera de « confirmer » la peine prononcée par le tribunal de Bir Mourad Raïs, le 30 septembre dernier. Le verdict est en délibéré ; il sera rendu public mardi 18 novembre.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.