Mohamed VI a exclu toute option d´autodétermination à questions multiples, jeudi, depuis son palais de Tétouan où il recevait Christopher Ross, le représentant personnel de M. Ban Ki-moon pour le Sahara Occidental venu négocier la base de discussion d´une troisième rencontre informelle entre le Maroc et le Front Polisario en vue d´un cinquième round de négociations à Manhassat. Pas question d´autodétermination que sur la base du plan d´autonomie marocain, a fait savoir le monarque alaouite à son interlocuteur américain qu´il n´a pratiquement jamais voulu recevoir auparavant, laissant ce soin à son Premier ministre. L´autodétermination, c´est quoi ? Mohamed VI parle cependant d´«autodétermination», mais donne à ce principe majeur du droit international sa propre version qui exclut le droit à l´indépendance. Le souverain alaouite a donc tenu à marquer son camp devant le représentant du SG de l´ONU, hypothéquant ainsi jusqu´aux raisons mêmes d´une rencontre avec les Sahraouis, même informelle. Il est facile de deviner que le roi Mohamed VI a mal apprécié la référence de M. Ross à l´autodétermination du peuple sahraoui, lors de sa première tournée maghrébine, au début de l´année 2009. Rabat avait alors vainement attendu du diplomate américain une petite allusion au plan d´autonomie marocain pour le Sahara Occidental qui n´est pas venue. Ni M. Ross, ni Mme Hillary Clinton, au cours de son séjour à Rabat la même année, ni l´ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations unies, ni encore le président Obama dans son message de juillet dernier au roi marocain n´y feront la moindre référence. Une omission volontaire qui laisse à M. Ross la plus large manœuvre possible pour parvenir à une solution négociée sur le Sahara en dehors de tout préalable, mais dans le respect de la légalité internationale, comme le stipule la résolution 1871 d´avril 1871 du Conseil de sécurité d´avril 2009. Nombreux ont été, en outre, les membres du Congrès américain hors lobby juif, et tout aussi nombreuses les associations des droits de l´homme américaines, à l´image de la Fondation démocrate Kennedy, qui ont revendiqué le droit du peuple sahraoui à l´autodétermination. La grève de la faim observée pendant 32 jours, à la fin de l´année dernière, par Mme Aminatou Haider, avait remis d´actualité la question du Sahara Occidental et ruiné, en même temps, les espoirs de Rabat de rallier Washington à la caravane de soutien à l´occupation marocaine du territoire sahraoui, conduite par la France et l´Espagne de Zapatero. Ces deux pays avaient manigancé, une fois de plus, le 7 mars dernier au Palais de l´Alhambra à Grenade, où se tenait le premier Sommet UE-Maroc, et fait l´impasse sur la question des droits de l´homme au Sahara Occidental. Avant que Mme Haider, pourtant encore convalescente, ne réapparaisse dans la capitale andalouse, plus déterminée que jamais à faire front au complot franco-espagnol sur le Sahara. Haider toujours et encore A l´annonce du prochain séjour de l´indépendantiste sahraouie à New York puis à Washington, où elle sera reçue au Congrès américain et rencontrera les membres du Conseil de sécurité, avant sa réunion, en avril pour statuer sur la mission de la Minurso, les autorités marocaines ont alors commencé à paniquer. Rabat a activé, ce week-end, la branche du lobby juif du Congrès américain demandant dans une pétition adressée à Mme Clinton de prêter attention à la région du Maghreb où «apparaissent des indices d´instabilité». Une initiative qui devait partir d´une «bonne intention» si ces pétitionnaires n´avaient glissé dans leur lettre ce qui justifiait leur mobilisation à ce moment précis : la solution autonomiste marocaine. Parmi les pétitionnaires, les patrons des deux seules compagnies pétrolières au monde qui ont investi dans la recherche des hydrocarbures au Sahara. Cette campagne conduite par le lobby juif et les milieux d´affaires pro-marocains, en coordination étroite avec Paris et Madrid, visait un double objectif : contrer le retentissant succès de l´action de protestation de Mme Haider et paralyser les efforts du représentant du SG dans la recherche d´une solution au conflit du Sahara Occidental qui respecte le droit à l´autodétermination dans l´ancienne colonie espagnole et peut déboucher sur l´indépendance. C´est ce même lobby qui a jeté toutes ses forces dans la bataille, ces jours-ci, pour faire fléchir les pressions de Obama sur Netanyahu pour arrêter les constructions juives dans le secteur Est d'El Qods, ville sainte, dont le Roi du Maroc préside, curieusement, le comité (Comité El Qods), chargé de la défendre de la judaïsation. Clos, le dossier Sahara ? Fort de ce soutien, Mohamed VI a repris de l´assurance – et de l´arrogance aussi – en se voulant ferme sur la solution qu´il préconise pour le Sahara Occidental. Une attitude inflexible, en apparence du moins et dans les situations de rapport de force, qui rappelle l´intransigeance de son défunt père lorsqu´il affirmait que «le dossier du Sahara est clos». Feu Hassan II a dû corriger, par la suite, sa position et signer les Accords de Houston en 1991 sur le Plan de règlement de la question du Sahara Occidental, sur la base d´un référendum d´autodétermination. Version marocaine bien sûr.