En Thaïlande, les «Chemises rouges» peinent à rallier la population à leur cause, réclamer de nouvelles élections et pourquoi pas faire remonter le Premier ministre déchu sur le trône. Les manifestants sont allés jusqu'à verser leur propre sang, le collecter et peindre une représentation géante avec. Mais drainer les foules semble devenir l'ennemi juré de ce mouvement qui s'en fiche pas mal de la couleur de la chemise que peuvent porter leurs frères thaïlandais. Ce qui importe pour les partisans de l'ancien Premier ministre, renversé pour corruption présumée, c'est de restaurer la démocratie. Car, pensent-ils, celle-ci a été plombée le jour de l'arrivée de l'actuel chef du gouvernement par la grâce de l'armée et des traditionnels cercles dirigeants. A défaut de mobilisation populaire et dans un geste de désespoir collectif, leaders et fidèles de ce mouvement finiront-ils par donner leurs «chemises rouges» à laver ? Ils tiennent bon même s'ils n'espèrent pas grand-chose de leur rencontre avec des représentants du pouvoir en place. Jouant la carte de la tolérance vis-à-vis des protestataires, tant qu'ils feront preuve de pacifisme, les autorités thaïlandaises laissent faire et songent dans le calme à l'essoufflement de l'adversaire. La montre a toujours eu raison de ces oppositions qui ne parviennent pas à rassembler et à canaliser les forces populaires. Surtout, quand la logistique étrangère, souvent occidentale, ne suit pas derrière. Le sort des «Chemises rouges» serait-il semblable à celui de cette poignée de dames en blanc de La Havane qui ont eu récemment droit à la bastonnade de la police de Raul Castro, le frère par qui le changement débarquerait sur l'île ? Il ressemblerait comme deux gouttes de sang à celui de ces milliers de Russes qui, à l'appel de l'opposition anti-Poutine, viennent de connaître la désillusion à Moscou et dans les principales villes de la Fédération. Avec quelque 50 rassemblements prévus, les «camarades» de Garry Kasparov ont cru pouvoir décréter samedi dernier «jour de colère» national. Pur hasard du calendrier ou coïncidence programmée, la date de la venue de Mme Clinton à Moscou a été retenue depuis au moins des semaines ? Pas si grave si elle a eu une timide ambition à actualiser la théorie du déséquilibre démocratique à l'américaine, la frilosité des autorités du Kremlin face à tout ce qui bouge n'allait pas changer à la première intimidation de la part de l'Amérique d'Obama qui lui réclame mille et un engagements sur des dossiers sensibles. Le sénateur US John McCaïn peut déclarer à sa guise que les manifestations anti-Poutine vont être un véritable test de tolérance de la part du Kremlin envers à ses opposants, les autorités de Moscou n'ont pas fait dans la dentelle. Seules les interpellations musclées pour casser un mouvement qui n'en est pas encore un, selon des analystes moscovites. Ce, du fait qu'il ne parvient toujours pas à fusionner les forces nécessaires. A l'image des «Chemises rouges» de Thaïlande face auxquelles le gouvernement de Bangkok aurait trouvé le «bon» rythme du châtiment intelligent ? A chacun le sien.