Depuis le 12 mars, la Thaïlande est paralysée par des Thaïlandais en chemise rouge qui réclament le retour de l'ex-Premier ministre, Thaksin Shinawatra. Ces derniers réclament la démission du gouvernement et la dissolution du Parlement. Mais les institutions thaïlandaises ont résisté à la pression des “chemises rouges”, interdisant le retour du Premier ministre déchu. Ce mouvement haut en couleur et en actions symboliques a été initié par Thaksin, évincé du pouvoir en septembre 2006. Les chemises rouges sont donc ses supporters auxquels se sont adjoints tous les opposants au pouvoir en place à Bangkok. Contre les chemises rouges, s'est constitué le mouvement des chemises jaunes, fondé par Sondhi, un magnat de la presse, afin, comme il le clame, de purger le monde politique thaï des combines mafieuses et du clientélisme. Le jaune est la couleur de la monarchie en Thaïlande qui rassemble monarchistes et des classes moyennes supérieures et quelques intellectuels, lassés de la corruption. Ces derniers considèrent le leader des chemises rouges comme un personnage diabolique dont la seule ambition est le pouvoir. Exilé en Europe, l'ex-Premier ministre se trouverait aujourd'hui au Monténégro, après avoir longtemps séjourné à Dubaï. Le milliardaire, renversé en 2006 par un coup d'Etat militaire, a été accusé de malversations financières et condamné par contumace en 2008, pour conflit d'intérêt dans le cadre d'une transaction immobilière au profit de son épouse. Après son départ forcé du pays, l'opposition lui a reproché d'avoir instrumentalisé son remplaçant, le Premier ministre Samak Sundaravej, qu'elle présente comme l'homme de paille de Thaksin Shinawatra. Afin de déstabiliser un peu plus son voisin tant haï, le Cambodge proposa en 2009 de faire de Thaksin le conseiller économique du Premier ministre cambodgien. Même si une partie de la fortune de Thaksin — ses avoirs avaient été gelés à son départ du pays — a été réquisitionnée par le gouvernement thaïlandais en février dernier, il a encore des capacités de nuisance. En outre, la scène thaï se complique avec l'entrée en jeu, aux côtés des chemises rouges et des jaunes, de nouvelles couleurs. Les chemises bleues sont apparues quand les rouges ont commencé à sérieusement mettre au défi le gouvernement. Dans un premier temps, elles ont affirmé ne vouloir que protéger les lieux publics, comme l'aéroport. Il existe une autre option pour les Thaïlandais : porter du rose. Les chemises roses réclament la formation d'un parti politique fondé sur l'amour.