Qu'était-il donc arrivé à ces trois jeunes égarés, pour avoir pris le risque de jouer avec le feu et plus précisément avec une arme à feu trouvée dans un sachet. Or lorsqu'un malfaiteur vole un sachet, un sac à main, un cartable, un cabas ou même un manteau, il ignore totalement ce qui s'y trouve. Eh bien, figurez-vous que trois jeunes ont même joué avec la mort. Ils ont été heurtés par l'incarcération. Le premier avait trouvé le pistolet, arme de guerre. Le deuxième avait été chargé de s'en débarrasser à un bon prix et le troisième prié de se taire moyennant monnaie sonnante et trébuchante. Au tribunal, il s'était trouvé une juge de siège qui avait pris le taureau par les cornes pour passer un savon aux trois larrons qui ont regretté ce geste d'égaré. Un jeune vole un sachet croyant avoir dérobé une grosse somme d'argent de par la lourdeur du sachet. Ouvrant le sachet, il n'y a ni dinars, ni euros, ni dollars, ni bijoux. Non, il y a une arme de guerre : un revolver. A-t-il pensé à le restituer ? Il va commettre un second délit plus grave. Il le garde. Il l'a confirmé devant Selma Bedri, la fougueuse présidente de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach (cour d'Alger). L'arme en question a heureusement été trouvée chez le jeune voleur qui, là aussi, aura été «sauvé» par les balbutiements du jeune copain qui avait refusé de cacher l'arme à feu, ce qui constituait en soi une prouesse. Oui, c'en était une ! «Qu'aviez-vous entre les mains ? Un jouet ? Pourquoi l'avoir gardé et ne pas vous être rendus au poste de police le plus proche et le remettre simplement et éviter les affres de l'inculpation et de la détention préventive ?» La réponse de l'inculpé aura été : «J'ai paniqué. Je ne savais plus quoi faire...», ce qui permettra à Faïza Mousrati de rétorquer que l'inculpé et ses copains préparaient un coup avec l'arme. Le troisième inculpé parle de quatre mille dinars le prix fixé pour sa cession éventuelle. a présidente suit toutes les déclarations. Elle a en face trois jeunes gaillards qui risquent quatre ans ferme. Le pire qui était apparu en filigrane durant ce rude interrogatoire où s'était illustrée cette présidente qui ne fait jamais les éloges à moitié. En passant le savon à l'inculpé principal, elle descendait deux moineaux. Les trois avocats baissent de suite les bras du fait que les trois inculpés s'étaient vite mis à table. Le premier a volé. Le deuxième a été chargé de le vendre et le troisième de taire les deux premiers méfaits. Heureusement, le destin en a décidé autrement, et le pot aux roses avait été découvert à temps, le temps que cette arme ne s'évapore. Il ne leur restait donc qu'à aller au-devant de larges circonstances atténuantes vu la blancheur nette de leurs casier judiciaires. - «Non, n'allons pas vers les alertes au feu, au crime, au grave délit. Nous ne pouvons pas dire qu'ils allaient constituer une association de malfaiteurs avec cette arme volée», dira le premier avocat, alors que le deuxième a affirmé que son client avait été chargé de la revente mais qu'il ne l'a pas fait, et huit jours après, il l'avait remis à son légitime propriétaire. «Le plus curieux, c'est qu'il avait été convoqué à titre de témoin», clamera le deuxième défenseur, alors que le dernier plaideur avait mis l'accent sur «l'absence de la volonté de nuire à la société». Mon client doit bénéficier du fait que l'expertise avait démontré que l'arme était inutilisable, car détraquée, c'est pourquoi le verdict aura été ce que la loi avait tracé, et la juge s'y était bien prise. Les six mois ferme ont été le bon verdict. De quoi donner à réfléchir.