Le chiffre est énorme et cause un sérieux déséquilibre de la balance financière de l'Algérienne des eaux dans la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, le directeur de l'unité ADE a fait savoir à l'occasion de la journée mondiale de l'eau qui coïncide avec le premier jour du printemps, le 21 mars, que l'agence détient le chiffre astronomique de 80 milliards de dinars auprès de nombreux créanciers. Ces créances sont détenues principalement sur les collectivités locales qui sont classées dans la catégorie grands consommateurs et qui ne payent pas les factures. Les collectivités locales sont presque les seules qui ne payent pas les factures d'eau sur les 178 423 abonnés au compteur et les 9344 inscrits au forfait. Des progrès réalisés L'ADE a réalisé, faut-il le reconnaître, un énorme pas dans la gestion de ce liquide vital qui est souvent une source de tension. Ainsi et dans cette nouvelle dynamique, abstraction faite des manques enregistrés et qu'il faut combler, et avec une prévision de 81 millions de mètres cubes pour l'année en cours, rendue possible par une importante pluviométrie de l'ordre de 800 mm, il est prévu à ce que 34% de la population de la wilaya de Tizi Ouzou et qui dépasse de loin le million d'habitants puisse bénéficier de l'eau H24 dans les robinets et 33% seront approvisionnés quotidiennement avec une dotation journalière de 144 litres/j par habitant. Pour atteindre cet objectif, des plus probants, comparé à ceux des années précédentes (77 millions de m3 ont été mobilisés en 2009, soit 4 millions de plus pour la présente année), l'ADE met à contribution 138 stations de pompage et 802 réservoirs d'une capacité de stockage de 266 891 m3, 181 forages, 76 chaînes de production, 6 stations de traitement, 1 station de déminéralisation et 1 station de dessalement de l'eau de mer à Tigzirt. L'apport de cette dernière est des plus insignifiants puisqu'elle ne représente même pas 1% de la production en plus des équipements qui tombent souvent en panne, ce qui nécessite de longues périodes de réparation. Cependant, il est utile de signaler que malgré la mise en service de l'immense barrage de Taksebt, il reste toujours que près de 60% des ressources en eau mobilisée sont souterraines. Plusieurs communes attendent toujours leur raccordement Du reste malgré ces acquis importants, de nombreuses localités de la wilaya de Tizi Ouzou souffrent toujours et les appréhensions vont grandissantes surtout que la saison estivale, synonyme de pénuries, de grandes chaleurs, donc de plus de consommation, approche à grandes enjambées. Pour illustrer cette situation, citons ces deux communes limitrophes de la Kabylie maritime, Boudjima et Tigzirt. Pour la première, l'AEP est un vocable d'une autre langue que ses habitants n'arrivent pas à décrypter. L'eau n'arrive dans les robinets que d'une façon cyclique. La raison ? Depuis l'interruption de la chaîne côtière, elle est soumise à un rationnement qu'on peut qualifier de draconien. Elle reçoit l'eau à doses homéopathiques. En effet, alimentée à partir de la station de pompage de Tala Athmane, cette dernière est alimentée par les forages de l'oued Sebaou, l'eau n'est pompée des réservoirs de la commune de Boudima que seulement une fois les communes de Ouaguenoun et Aït Aïssa Mimoun servies. A cette situation qui a depuis toujours courroucée la population s'ajoute l'éclatement des conduites qui cause des pertes énormes. Si la conduite principale a été refaite, les conduites secondaires qui alimentent directement les villages et les hameaux sont rongées par la rouille et bouchées par le calcaire. Même topo dans la localité de Mizrana : les bouchons de calcaire qui se forment dans les conduites privent des villages entiers du liquide vital. A Tigzirt, la situation n'est pas meilleure. La réalisation d'une station de dessalement de l'eau de mer n'a pas pour autant améliorée les choses. Les équipements tombent souvent en panne, et chaque panne est synonyme d'une longue pénurie, car leur réparation nécessite à chaque fois la venue de spécialistes pour effectuer les réparations. Quant un équipement est à changer, c'est une autre histoire qui commence. Ainsi, sur les 67 communes que compte la wilaya de Tizi Ouzou, il reste sept localités qui ne sont pas gérées par l'ADE. Pis encore, les soixante restantes ne sont pas toutes loties au même degré. En plus des trois localités citées plus haut, les communes du nord, comme celles de Makouda, Ouaguenoun, Timizart, Aghribs, Azeffoun, et Iflissen en sont la parfaite illustration de cette situation difficile et attendent toujours leur raccordement au réseau du barrage de Taksebt. En attendant, la pénurie se fait sentir même en hiver. Quant aux dix communes du flanc sud, à savoir celles de Draâ El Mizan, Tizi Ghennif, Aïn Zaouia, Frikat, Bounouh, Assi Youcef, Boghni, Mechtras, Tizi N'tlata et Ouadhias, elles seront, selon les prévisions faites, raccordées au barrage Koudiet Acerdoun de Bouira. Le raccordement se fera, sauf imprévu, dès le mois de juin prochain. A ces communes, une quantité d'eau de plus de 20 millions de mètres cubes leur sera distribuée annuellement. Le barrage Koudiet Acerdoun, deuxième en Algérie après celui de Bouharoun, en matière de capacité de réserve, qui est estimé à plus de 640 millions mètres cubes, alimentera, à l'horizon 2012, 4 wilaya du Centre de pays. Il s'agit de celles de Bouira, de Tizi Ouzou, de M'sila et de Médéa, pour ainsi couvrir plus de 4 millions d'habitants, soit plus de 13 % de la population nationale. Avec ses capacités de réserve d'eau qui peuvent assurer une distribution normale pendant plus de 5 ans sans l'eau pluviale, il viendra ainsi baisser la pression sur celui de Taksebt qui alimente déjà les wilayas d'Alger, de Tizi Ouzou et de Boumerdès.