La décision «unilatérale» de l'Union européenne de faire payer les émissions de gaz carbonique a incité l'Algérie à intensifier son réseau africain. «L'Afrique est devenue une desserte vitale pour les compagnies aériennes, notamment avec toutes les mesures européennes et américaines en matière de sécurité aérienne et de contrôle Safa (Safety Assessment of Foreign Aircraft)» , a indiqué hier à Alger le Pdg d'Air Algérie, Abdelwahid Bouabdallah, en marge de la tenue de la 19e conférence des centres de maintenance aéronautique africains MRO Africa. Il soulignera que «l'Algérie n'irait pas jusqu'à considérer cela comme une mesure de rétention au niveau des instances de communication du ciel européen mais cela y ressemble». En Algérie, dira-t-il, «nous sommes à l'aise car nous avons l'une des plus grandes bases de maintenance en Afrique, nous avons le savoir-faire et la ressource humaine ainsi que les moyens. Air Algérie possède une expérience de 63 ans» et son origine remonte à 1947. Air Algérie tente de gagner la bataille du ciel à travers celle du sol, comme l'a relevé M. Bouabdallah, en relevant le défi de la maintenance et la coopération intercompagnies en Afrique. A ce sujet, il déclarera : «Nous tendons à fédérer et à mutualiser les efforts et les moyens africains pour faire face à cette nouvelle donne. Il faudra commencer par mettre de côté des stocks stratégiques de pièces détachées car c'est primordial dans la gestion de la maintenance d'une compagnie aérienne et dont le coût est très cher. Autant constituer un stock commun même s'il est virtuel, c'est-à-dire s'échanger nos moyens (pays africains) et même pour les interventions de dépannage». Il a noté que «c'est un début qui pourrait s'étendre à l'exploitation des aéronefs». Il a recommandé dans ce sens de «faire des économies d'échelle et ne pas investir à tour de bras pour rien car l'investissement est cher dans l'industrie aéronautique». Optimiste, le Pdg de la compagnie nationale affirme que «l'avenir de l'industrie aéronautique en Algérie c'est l'entente entre pays africains», puisque sa compagnie est «imbattable sur le rapport qualité/prix». Jusque-là, au niveau africain, Air Algérie a signé quatre contrats avec trois premières compagnies libyennes et le dernier avec la compagnie Soudan Airlines. Il est utile de signaler qu'Air Algérie débute dans le domaine de la commercialisation de son savoir-faire en matière de maintenance et nourrit déjà des ambitions pour devenir leader en Afrique. Toutefois, le départ volontaire a fait perdre à la compagnie nationale 450 mécaniciens qui viennent d'être remplacés par 300 autres plus jeunes, a indiqué M. Bouabdallah. S'agissant de l'émission du gaz carbonique, Air Algérie paie cette pollution mais elle n'est pas d'accord de payer de Tamanrasset à Paris ce coût car le trajet ne se trouve pas totalement dans l'espace européen. Tou : «Air Algérie est une compagnie très viable» Pour sa part, le ministre des Transports, Amar Tou, a déclaré qu'«Air Algérie est une compagnie très viable sur le plan sécurité et sûreté», en soulignant que «la liste noire comporte des compagnies qui ne répondent pas aux normes de sécurité des passagers. C'est pourquoi ces compagnies devront être aidées pour se mettre aux normes exigées par l'Organisation internationale de l'aviation civile (OACI)». M. Tou a ajouté que cette organisation devra aider ces compagnies à répondre à ces conditions. Il dira : «Sur la question des émissions de gaz carbonique, l'Union européenne (UE) a pris sa décision pour le paiement des taxes. L'Algérie, en ce qui la concerne, a opté pour une démarche globale pour convaincre d'appliquer la décision de l'OACI», en espérant que «la démarche aboutira». «La question sera discutée lors de l'assemblée annuelle de l'OACI en septembre», a signalé un cadre du ministère pour compléter les propos du ministre. L'ambition de la sous-traitance industrielle aéronautique M. Tou a aussi souhaité qu'«il faille que la compagnie nationale va au-delà de la maintenance pour des perspectives de sous-traitance industrielle dans le domaine de l'aéronautique», tout en relevant que «les pays voisins sont au même niveau avancé que l'Algérie en matière d'organisation qu'en maintenance». Donc, la concurrence est rude, selon lui. L'Algérie est en plein processus de renouvellement total de sa flotte aérienne puisqu'Air Algérie a obtenu des crédits avec des conditions très favorables, précise-t-il, pour l'acquisition de onze avions neufs, deux ont été déjà réceptionnés, un autre le sera ces jours-ci et le dernier est prévu pour la fin du mois d'avril prochain, et pour les 7 restants, trois seront réceptionnés avant la fin de l'année (2010) et enfin les quatre derniers durant le 1er semestre 2011, détaillera le ministre. Ces acquisitions permettront, selon lui, «d'améliorer son (Air Algérie, ndlr) réseau national ainsi que son réseau africain», d'autant que le remboursement se fera sur 40 ans, avec 10 années de différé avec un taux d'intérêt de 1% en soulignant que «la compagnie algérienne continuera à bénéficier de ces mêmes avantages pour d'autres acquisitions futures».