Mohamed Bekkat Berkani, président du conseil national de l'ordre des médecins a appelé la sécurité sociale à revoir à la hausse les tarifs des actes médicaux arrêtés dans le cadre de l'application du contrat de conventionnement entre la CNAS et les médecins privés. Il a par ailleurs appelé les médecins grévistes à reprendre le travail. Cet appel est intervenu lors de la tenue de la deuxième session du conseil national de l'ordre au cours de laquelle le Dr Bourkaïb, du ministère du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale a fait un exposé sur la mise en place de ce nouveau système inscrit dans le cadre des réformes de la sécurité sociale. Le Dr Bekkat a appuyé sa position en se référant aux dispositions de la charte de la déontologie et de l'éthique «interdisant l'avilissement honoraire». «Je pense qu'il faut mener une réflexion sur les nouveaux tarifs qui doivent être appliqués dans le cadre du conventionnement. Ceux proposés par la sécurité sociale risquent de compromettre le principe de l'avilissement honoraire que tous les praticiens sont tenus de respecter faute de quoi ils seront sanctionnés. C'est la raison pour laquelle les médecins ont estimé que les tarifs restent en deçà de leurs espérance», a affirmé le Dr Bekkat, lors d'une conférence de presse tenue en marge de cette séance. Tout en soulignant que le conventionnement est un acte volontaire, le président du Conseil de l'ordre estime que l'adhésion massive au système de conventionnement ne peut être garantie qu'après la révision à la hausse de ces tarifs. Les médecins présents lors de cette rencontre ont axé leurs interventions sur les différentes charges assumées par le médecin dans l'accomplissement de son métier. Les tarifs proposés par la sécurité sociale sont fixés à 250 DA pour la consultation chez un médecin généraliste et 480 chez le spécialiste. «Nous demandons des tarifs raisonnables qui ne soient pas en contradiction avec l'avilissement honoraire. L'ordre propose 500 dinars pour le généraliste et 600 à 650 dinars pour le médecin spécialiste. Nous devons alors trouver un consensus qui peut arranger les deux parties» a-t-il encore ajouté. Le nombre des médecins conventionnés dans les cinq wilayas pilotes est de l'ordre de 300 médecins sur 25 000 médecins exerçant dans le privé. Il faut reprendre le travail Par ailleurs, le président du Conseil de l'ordre des médecins a appelé les deux syndicats de généralistes et de spécialistes de la santé à la reprise des activités de la médecine publique. «Les établissements tout comme les soins sont déjà dans un état lamentable et déplorable. Cette grève n'a fait que trop duré, pénalisant ainsi les malades, surtout ceux qui ne peuvent pas se permettre d'aller chez les médecins privés. Je lance un appel aux syndicats les invitant à arrêter ce mouvement et à reprendre le travail. Nous ne voulons pas que la situation vire vers le pourrissement vu que le dialogue entamé jusque-là n'a pas apporté de résultats concrets», a-t-il indiqué. Le Dr Bekkat a appelé les pouvoirs publics à ne pas prendre de mesures coercitives à l'égard des grévistes et à faire preuve d'un esprit de conciliation. Il estime que des négociations doivent se poursuivre entre les deux parties. «Les pouvoirs doivent écouter et assurer une prise en charge des revendications socioprofessionnelles exprimées par les médecins», a-t-il ajouté, précisant qu'il a tenté une médiation entre les deux parties mais sans qu'elles n'aillent jusqu'au bout. «Cette médiation a échoué car j'ai proposé au ministre de l'assurer, mais ce dernier n'a pas réagi à cette proposition, raison pour laquelle nous n'avons pas pu aller plus loin», a-t-il ajouté. Il conclut : «La décision finale revient aux grévistes qui tiennent des réunions ces jours-ci pour annoncer le sort réservé à leur mouvement».