Sursaut citoyen à Boghni. Les habitants de cette région du sud de la wilaya de Tizi Ouzou rejettent la fatalité et se dressent contre le terrorisme qui sévit encore et toujours dans la wilaya de Tizi Ouzou. Une semaine après l'enlèvement d'un vieux, Hassani Ali, âgé de plus de 80 ans, kidnappé au début de la semaine passée par un groupe terroriste au village Ath Koufi, dans la commune de Boghni, 45 km au sud de Tizi Ouzou, et dont la famille est toujours sans nouvelles, la population s'est levée comme un seul homme pour exiger la libération de la victime sans aucune condition. La journée d'hier a été particulièrement mouvementée à Boghni et dans les communes limitrophes. Une grève générale a été observée aussi bien dans le secteur public que privé pour dire non au terrorisme. La journée de grève a été appuyée par l'organisation d'une marche au chef-lieu de la commune, suivie d'un rassemblement auxquels ont pris part environ 10 000 personnes devant le siège de la daïra, pour exiger la libération de la victime dans les plus brefs délais. Pour rappel, la commune de Boghni enregistre ainsi le troisième cas de kidnapping depuis l'avènement de ce phénomène. Nous avons appris que les ravisseurs s'en sont pris, selon des habitants de la région contactés hier à cet effet, à un homme qui n'a pas de ressources et ont exigé de sa famille une rançon de 2 milliards de centimes contre sa libération. Ce n'est pas la première fois que des populations entières se soulèvent contre les actes de kidnapping. L'été dernier, les habitants de la région de Ouacifs, toujours au sud de la wilaya, se sont également révoltés contre le terrorisme. Après une tentative de kidnapping avortée par la population, cette dernière a organisé une grève et un rassemblement pour dénoncer ces actes de barbarie. Au début du mois de novembre 2009, c'est la région d'Iflissen, au nord de Tizi Ouzou, qui s'est soulevée après l'enlèvement du gérant d'un hôtel-restaurant du village Issenadjen. Les habitants de ce village appuyés par ceux des autres villages de la localité d'Iflissen et des communes limitrophes ont investi les maquis environnants à la recherche de la victime. Munis de porte-voix, ils ont exigé des ravisseurs la libération sans condition du citoyen enlevé. C'est ce qui s'est réalisé trois jours plus tard. Le gérant de l'hôtel a été relâché à l'issue de «pourparlers» engagés par l'intermédiaire d'une personnalité religieuse influente de la région. Avec le dernier kidnapping perpétré à Boghni, la wilaya de Tizi Ouzou enregistre ainsi sa 45e victime depuis l'apparition de ce phénomène qui a tétanisé toute la population, les entrepreneurs et investisseurs en particulier. Les groupes terroristes armés ont réussi, grâce à ce procédé, à brasser plusieurs milliards de centimes extorqués aux familles des victimes pour racheter la libération des leurs. La région de Mâatkas détient la triste palme en la matière avec treize enlèvements répertoriés.