Le ministre britannique de l'Intérieur a repoussé d'un mois la décision d'extradition de Abdelmoumene Rafik Khelifa. Alan Johnson rendra donc sa décision le 30 avril, et ce délai supplémentaire, le dernier, devrait lui permettre de statuer définitivement sur un dossier que son entourage considère comme extrêmement «complexe». L'affaire Khalifa vient de connaître un nouveau rebondissement après que le ministre de l'Intérieur britannique ait décidé de reporter sa décision sur l'extradition vers l'Algérie du golden boy déchu. Auteur d'une vaste escroquerie qui a coûté des milliards de dollars au Trésor public algérien, le patron des défuntes El Khalifa Bank et Khalifa Airways devait être initialement transféré en Algérie en juin 2009, après que la justice britannique ait accepté son extradition et estimé que cette décision ne contrevenait pas à la Convention internationale des droits de l'homme. Mais pour être effective, la décision d'extradition doit être avalisée par le ministre de l'Intérieur, et c'est là où butte l'affaire. En effet, Alan Johnson semble peu pressé de donner son aval - ou son refus - en s'arrangeant à chaque fois pour reporter une décision qui aurait dû être prise avant le 24 octobre dernier. Du côté algérien, le report de la décision du ministre de l'Intérieur britannique était prévisible. Des officiels, à l'exemple du ministre de la Justice Tayeb Belaïz ou du président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, Farouk Ksentini, s'étaient exprimés sur la question. M. Belaïz avait fait savoir que la décision d'Alan Johnson pourrait faire l'objet d'appel, tandis que M. Ksentini avait mis en avant le manque de volonté de la partie britannique d'en finir avec cette affaire. Poursuivi pour plusieurs affaires d'escroquerie, de faillite frauduleuse, de transfert illicite de devises, de détournement organisé, de falsification de documents, Rafik Khelifa a été jugé par contumace par le tribunal criminel de Blida qui l'a condamné à la réclusion à perpétuité pour plusieurs crimes en relation avec l'affaire dite El Khalifa Bank. Alternant les séjours en France, à Paris, où il a lancé l'éphémère chaîne de télévision éponyme (Khalifa TV), et sur la Côte d'Azur, où disposait de fastueuses habitations, Rafik Khelifa s'était réfugié au Royaume-Uni en 2003. Il est arrêté le 27 mars 2007 sur le territoire britannique en exécution d'un mandat d'arrêt européen délivré par le tribunal de grande instance de Nanterre, près de Paris. Une information judiciaire avait été ouverte contre lui à la fin de l'année 2003 pour «abus de confiance, banqueroute par détournement d'actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée». A la suite de cette action en justice, l'Etat français avait exprimé à Londres une demande d'extradition dont l'examen a été gelé. Il faut en effet attendre la décision définitive sur la demande algérienne pour que soit étudiée celle présentée par Paris.