Etre céramiste n'est guère un métier de tout repos. Travailler, modeler l'argile et la sculpter selon ses envies et son inspiration procurent cette satisfaction si chère à Chiraz Hamouda, qui a fait de l'artisanat sa profession de foi. Soucieuse de la préservation du patrimoine culturel, sa céramique fait des clins d'œil au terroir et porte cette empreinte indélébile de notre richesse culturelle et identitaire. Cet engouement pour la céramique semble venir de son milieu familial, d'autant que son père était antiquaire. Depuis son jeune âge, Chiraz Hamouda a évolué avec des objets anciens et de valeur. Aussi sa trajectoire professionnelle et sa vocation artistique étaient pour ainsi dire tracées. Après sept années d'études à l'Ecole supérieure des beaux-arts, elle en sort avec un diplôme de céramiste. De ce fait, voulant poursuivre l'œuvre de son père qui détient la boutique Téhéran à Alger, elle investit cette voie artistique depuis déjà quinze années. Avec l'apport de l'Ansej, elle crée son atelier avec son frère Ismet, informaticien, qui s'est reconverti à la céramique. Avec quatre autres employés, elle a ses propres créations, des modèles uniques qu'elle vend dans la boutique de son père. Ces œuvres se retrouvent également dans d'autres villes, notamment à Annaba, Jijel et Oran par le biais de sa distribution exclusive.
Un travail raffiné Chiraz se trouve dans son élément lorsqu'elle malaxe longuement cette argile qui prend forme au gré de son imaginaire fécond lesté à notre patrimoine. Elle produit par moments sur commande et parfois selon son envie. Elle expose actuellement au salon de la créativité qui se tient du 18 au 24 mars 2010. «Je participe avec plus d'une cinquantaine de produits, une nouvelle gamme composée de lampes, de services à thé et de table, bonbonnières et assiettes sur pieds», dit-elle. Ce sont de nouvelles compositions de son cru couleur local avec des formes géométriques qu'elle affectionne particulièrement. «J'ai une certaine prédilection pour ces formes, d'autant qu'avec l'avènement de l'islam, il y a eu interdiction du figuratif, aussi il y a eu apparition de ces formes géométriques, donc je reprends ces formes en aménageant une frise», explique-t-elle. Des carrés, triangles, et losanges forment l'essentiel de ses œuvres. Son travail raffiné et finement façonné et impeccablement modelé dénotent un goût certain et un talent incontestable. De ces œuvres se dégagent cette authenticité et cette originalité qui font sa spécificité. Se référant aux figures géométriques connues relatives à l'artisanat algérien, elle tente de moderniser ses créations en intégrant des teintes. «Je joue sur les couleurs tendances du moment afin de moderniser le produit tout en gardant la spécificité algérienne», souligne-t-elle. De visu, ses objets sont originaux et de teintes chamarrées. De remarquables bibelots uniques dont certains inédits. Une ingénieuse Sa technique de céramique ? Elle s'effectue en plusieurs étapes afin que le produit prenne forme. «Je travaille l'argile blanche avec un tourneur, et je dessine des croquis, puis je sculpte pour les faire cuire dans un four pour une première cuisson qui donne un tesson. Pour la seconde cuisson, c'est l'émaillage, puis il y a la peinture avec un pinceau et en dernière étape la troisième cuisson, de l'or de 18 carats des motifs ornementaux. En matière de temps de travail consacré à chaque objet, elle s'étale sur une quinzaine de jours consécutifs.» Laborieuse comme une fourmi, Chiraz travaille différents objets simultanément dans son atelier. Cette ingénieuse céramiste qui déborde de créativité s'assigne comme objectif la préservation et la sauvegarde du patrimoine artisanal, un credo tout à son honneur. Sa passion, communicative, elle la partage avec beaucoup d'empathie par le biais de ses délicates créations.