Malgré les nouvelles mesures du code de la route promulguées pour essuyer le sinistre record que détient notre pays en matière d'accidents, cette réglementation a vite fait de donner lieu à des dépassements par certains éléments des services de l'ordre. En bref, la tchipa y a trouvé son compte. Et même si des statistiques ne sont pas disponibles, il n'empêche que de nombreux citoyens en font les frais. L'ignorance des citoyens de ces nouvelles dispositions, en vigueur depuis février, pousse les services de l'ordre à abuser de leur autorité. Ils appliquent le plus souvent la sanction la plus lourde à toutes les infractions existantes, à savoir le retrait du permis. Les automobilistes, dans ce genre de situation, ne trouvent pas mieux que de faire preuve de générosité afin d'éviter le pire. Les exemples ne manquent pas. Et pour combattre cet excès de zèle, le responsable de la sûreté de la wilaya d'Alger n'hésite pas à rappeler les agents concernés à l'ordre. «Les agents de la sûreté publique doivent respecter les principes de l'éthique professionnelle lors de l'application des mesures du code de la route contre les contrevenants.» Contacté par nos soins, Me Ben Braham, avocate, affirme que «ces dépassements ont toujours existé en Algérie. Il y a une violation de l'ordre fondamental de la loi et de la justice». Elle explique dans le même cadre que dans une situation où la loi n'est pas strictement respectée, il y a désordre. «On se retrouve dans une situation d'abus d'autorité et les dépassements sont nuisibles aux citoyens. Ces derniers se sentant non protégés dans leurs droits, vont créer un autre désordre social», dira notre interlocutrice, avant de conclure : «C'est pour cela qu'il faut rappeler aux agents de l'ordre que leur fonction est d'instaurer l'ordre et non le désordre.» Le chef du bureau de la formation au service de wilaya de la sûreté publique a souligné que lors de la clôture d'une session de formation sur le code de la route, ce dernier comporte des dispositions qui nécessitent des textes organisationnels pour les expliquer et éviter ainsi l'abus de pouvoir contre les citoyens. Il y a une certaine ambiguïté dans nombre de dispositions contenues dans le code de la route. Les agents de sûreté ne sont pas appelés à appliquer ces dispositions avant la promulgation de textes organisationnels qui les expliquent.» Un membre de la commission de retrait du permis de conduire à la daïra de Sidi M'hamed, Rachid Bournane, est également intervenu pour mettre l'accent sur l'état dégradé des routes et des panneaux de signalisation, qui sont à l'origine de plusieurs infractions. «Lors de l'application des peines lourdes contenues dans le code de la route, les agents de la sûreté doivent faire la distinction entre les infractions volontaires et celles liées à d'autres facteurs externes comme l'invisibilité d'une plaque de signalisation ou sa présence au mauvais endroit», a-t-il déclaré. Evoquant les cas reçus au niveau des commissions de retrait du permis de conduire, le responsable a appelé les agents de la sûreté publique à «être plus précis dans l'élaboration des procès verbaux de contravention, car plusieurs citoyens, a-t-il dit, ont subi des peines qui ne sont pas compatibles avec les infractions commises».