La politique d'éradication des bidonvilles menée depuis quelques années en Algérie a-t-elle porté ses fruits ? Difficile de le savoir puisque les baraques qui ceinturent les grandes villes comme Alger, Oran, Annaba et Constantine poussent comme des champignons. Les citoyens trouvent ainsi un moyen facile (ou bien le seul moyen) pour accéder au logement social. Un état de fait qui ne peut plus durer car si construire un bidonville – avec l'indulgence des responsables des communes – y résider quelques années et recourir aux émeutes semblent être la formule qui marche à tous les coups pour que les habitants de ces bidonvilles soient relogés, les appartements ainsi octroyés ont été détournés des autres programmes destinés à d'autres citoyens las eux aussi d'attendre. Cependant, les dernières déclarations du premier responsable du secteur, Nourreddine Moussa, lors de sa visite de travail et d'inspection à Jijel, renseignent sur une nouvelle politique que le gouvernement met en place pour «débusquer les indus demandeurs qui tentent de mettre les pouvoirs publics devant le fait accompli», a-t-il signalé, avant de préciser qu'«une habitation précaire n'est pas un passeport pour obtenir un logement social». A rappeler que le président de la République a été intransigeant à ce sujet en 2006 lors d'une visite à Constantine. Il avait alors déclaré que «tous ceux qui les réalisent (les bidonvilles, ndlr) auront affaire à la justice et à des sanctions pénales», ajoutant qu'il est du devoir de la justice de lutter contre «ceux qui investissent ces lieux de mal-vivre en quête de logement alors qu'ils en possèdent déjà». Les déclarations du Président ont incité les pouvoirs publics à initier un «plan national» qui s'est soldé par l'installation de commissions administratives dans les bidonvilles des différentes wilayas. Malheureusement, la situation ne s'est pas améliorée depuis, mais le ministre de l'Habitat, Nourreddine Moussa, vient de confirmer l'activation de ce plan national en révélant jeudi l'existence d'un fichier national permettant de «mieux maîtriser» la situation au niveau du secteur névralgique de l'habitat social. Les chefs de l'exécutif inflexibles Par ailleurs, on apprend que des directives ont été transmises aux différents chefs exécutifs des 48 wilayas pour qu'ils soient «inflexibles» au sujet de l'opération de démantèlement des «bidonvilles». Quant aux indus occupants ou «ceux qui croient avoir trompé la vigilance en estimant avoir réussi à s'infiltrer à travers les mailles du filet des contrôleurs et réussi à ériger ces inqualifiables habitations, ils font fausse route», selon le wali de Constantine qui a ordonné la relance de l'opération de relogement pour les habitants de la rue Roumanie. Sur les mesures strictes à leur encontre, M. Boudiaf a expliqué «qu'il faut savoir dès à présent que ces indus occupants ne bénéficieront d'aucune complaisance et devront prendre leurs dispositions dès à présent afin de prévoir un autre pied-à-terre, car les listes des potentiels bénéficiaires appelés à être délocalisés prochainement vers de nouveaux logements sont dûment finalisées». Celui-ci lançant en guise de «sévère avertissement» que «force restera à la seule loi de la République, inaliénable et au-dessus de tous, et, par voie de conséquence, nous ne tolérerons aucun accroc ni le moindre impair à cet égard». Parmi les décisions exécutoires de cette année considérée comme l'année de l'éradication des taudis et autres habitations primitives, «toute baraque construite après éradication du site sera démolie». L'Etat a mis sous surveillance les sites afin d'empêcher de nouvelles installations. Chaque indu occupant est passible d'emprisonnement. Quant à l'accès au logement social qui devrait être attribué uniquement aux personnes dans le besoin, Noureddine Moussa a bien précisé que dorénavant l'accès à ce type de logement sera soumis à une série de conditions. L'arrêté ministériel de 1998 amendé fixera à 12 les conditions d'accès au logement social, dont la hausse du plafond du salaire est de 12 000 DA à 24 000 DA. Le traitement des demandes d'accès au logement social se fera selon un barème où des points seront accordés à chaque condition. Le total de points réalisés déterminera l'accès ou non à ce type de logements.