laisse sa créativité s'exprimer en toute liberté. Ses œuvres traduisent une réalité mouvante, à la fois terriblement proche du vécu et infiniment mystérieuse. Ses recherches aboutissent à une sorte d'obstination avec laquelle il ajoute à sa matière du bois, du plâtre, du tissu aux couleurs éclatantes… de sorte qu'il restitue non par l'image, mais par l'ambiance, le sujet qui l'a inspiré. Ali nous a ouvert la porte de son atelier où l'on retrouve des tableaux. Certains accrochés aux murs, qui gardent encore une certaine fraîcheur. Comme des pièces d'un puzzle inachevé, des morceaux de bois, de plâtre ou de tissu déchiré avec une empreinte de l'artiste : signe, forme géométrique… taches de couleur, ou fragments de poterie qui attendent à être reconstitués. Cet artiste peintre utilise plusieurs techniques où chacune obéit à un ordre artistique… peinture à l'huile, au goudron, tissu avec des écharpes en bandoulière. Travailler sur plusieurs «fronts artistiques» est une manière aussi de vaincre la monotonie et de se donner une certaine liberté, chère à tout artiste avide de création. Dans certaines de ses œuvres, la couleur joue les premiers rôles dans ces compositions qui résument le motif à l'essentiel. Azwaw s'empare du réalisme en prenant soin d'évincer les détails anecdotiques au profit d'un minimalisme architecturé, souvent réduit à des structures géométriques extrêmement simplifiées. Un jeu de transparence Travaillant par thème, il souligne les contours du sujet dans une mise en scène très simplificatrice. Cependant, la série d'œuvres de cet artiste s'inscrit dans le prolongement de son travail précédent, dans la mesure où les mêmes «ingrédients» interviennent pour composer la toile : pièce de toile ou de tissus peints, trame de sérigraphie, coup de crayon gras... seulement cette fois, c'est à partir d'un «chaos» que la toile s'organise : coups de pinceaux, coulures abondantes, puis au bout d'un moment la tempête se calme et tous les éléments prennent leur place pour produire une «image» apaisée... La nouveauté réside aussi dans le fait de «fondre» la peinture à l'huile avec de l'acrylique ? Cette technique permet d'obtenir un jeu de transparence et un empâtement spécial qui contribue à la matière même du tableau. Ici, parfois les formes modelées sont «pour ainsi dire post-lunaires... véritables constructions plastiques qui occupent un espace mesuré». Dans certaines tableaux, en fait, il n'y a aucune comparaison avec la nature. Les spirales et les formes concentriques et/ou filiformes créent chez le spectateur un désir instinctif de les toucher pour pénétrer le mystère de la fascination qui émane d'elles. Au contraire, dans d'autres œuvres, les formes sont organiques et surtout puisées dans la nature. «Mon travail naît de la rencontre entre la matière et les outils. Cet espace, ainsi créé joue avec la lumière, la couleur et les supports. C'est l'aspect tactile de la matière brute qui se transforme, par les outils utilisés, qui déclenche les émotions qui m'envahissent, elles-mêmes sources d'inspiration».La variété des matériaux pour cet artiste permet une infinité de pistes, auxquelles s'ajoute la variabilité de l'épaisseur des supports. Sur le plan symbolique, son travail pourrait être représenté par l'expression d'une danse sacrée, où la mer et la terre s'enlacent. Les sentiments qui l'imprègnent mêlent alors plusieurs univers, dans lesquels matière et lumière se révèlent être de parfaits complices, jouant dans un silence qu'il écoute, pour trouver d'autres voies, d'autres inspirations. Le vent, sa violence… nécessaire à la fécondation de la vie La peinture à l'huile chez Azwaw Ali Mammeri est faite de blessure et de nostalgie, complexe découpage de l'espace par des trames incertaines, de formes géométriques, carré, cercle , triangle puis peu a peu des figures, mais fragmentées, éparpillées, démultipliées comme par de complexes prismes, réverbérées en d'interminables échos, en une rythmique qui appellerait à des correspondances musicales . Des spirales, des signes, tatouages aussi créent une ambiance et donnent un aspect émouvant en situant l'œuvre, empreinte parfois de rituels, de symbolisme, remues les notions du temps, de communication, de désir, de contact… de désir tout court. Matière gluante à la couleur sobre, le goudron que ce peintre utilise pour exprimer «la couleur du vent et le sens des nuages». Une certaine quête de «magie» des images en réaction contre la «tyrannie de la bêtise», tout cela le livre comme une bouffée d'air frais dont les effets se manifestent à travers la ligne, les courbes et les spirales. Le vent, sa violence… nécessaire à la fécondation de la vie. Tissu, bois, plastique, plâtre, «un cortège de matériaux» constituent des paravents avec des «chachs» aux couleurs que portent les femmes targuies. Ceci annonce pour lui, non seulement, un nouveau moyen d'expression, mais également une nouvelle forme et une sensualité nouvelle apparaissent alors la joie des couleurs, la fantaisie, la croissance vers le passé. «J'ai grandi , nous dit-il, avec les tableaux de mon grand-père. (l'un des pionniers de la peinture algérienne avec Racim, Bouzid, Issiakhem, Loual, Benaboura…). Azwaw Ali Mammeri a exposé dans différentes régions du pays depuis 1980 et sa dernière exposition avec un autre artiste Bendiffellah Tayeb a eu lieu à la Maison du peuple en 1999 et en 1998 où il a obtenu le premier prix de la peinture de la ville d'Alger.