laisse sa créativité s'exprimer en toute liberté, ses œuvres traduisent une réalité mouvante, à la fois terriblement proche du vécu et infiniment mystérieuse. Ses recherches aboutissent à une sorte d'obstination avec laquelle il ajoute à sa matière du bois, du plâtre, du tissu aux couleurs éclatantes… de sorte qu'il restitue non par l'image, mais par l'ambiance, le sujet qui l'a inspiré. Ali nous a ouvert la porte de son atelier où l'on retrouve des tableaux. Certains accrochés aux murs, qui gardent encore une certaine fraîcheur. Comme des pièces d'un puzzle inachevé, des morceaux de bois, de plâtre ou de tissu déchiré avec une empreinte de l'artiste : Signe, forme géométrique… taches de couleur ou fragments de poterie qui attendent à être reconstitués. Cet artiste peintre utilise plusieurs techniques ou chacune obéit à un ordre artistique… peinture à l'huile, au goudron, tissu avec des écharpes en bandoulière. Travailler sur plusieurs «fronts artistiques» est une manière aussi de vaincre la monotonie et de se donner une certaine liberté, chère à tout artiste avide de création. Le vent, sa violence… nécessaire à la fécondation de la vie La peinture à l'huile chez Azwaw Ali Mammeri est faite de blessure et de nostalgie, complexe découpage de l'espace par des trames incertaines, de formes géométriques, carré, cercle, triangle, puis peu a peu des figures, mais fragmentées, éparpillées, démultipliées comme par de complexes prismes, réverbérées en d'interminables échos, en une rythmique qui appellerait à des correspondances musicales. Des spirales, des signes, des tatouages aussi créent une ambiance et donnent un aspect émouvant en situant l'œuvre, empreinte parfois de rituels, de symbolisme, remues les notions du temps, de communication, de désir, de contact… de désir tout court. Matière gluante à la couleur sobre, le goudron que ce peintre utilise pour exprimer «la couleur du vent et le sens des nuages». Une certaine quête de «magie» des images en réaction contre la «tyrannie de la bêtise», tout cela comme une bouffée d'air frais dont les effets se manifestent à travers la ligne, les courbes et les spirales. Le vent, sa violence … nécessaire, à la fécondation de la vie. Tissu, bois, plastique, plâtre, «un cortège de matériaux» constitue des paravents avec des «chachs» aux couleurs que portent les femmes targuies. Ceci annonce pour lui non seulement un nouveau moyen d'expression mais également une nouvelle forme et une sensualité nouvelle apparaissent alors la joie des couleurs, la fantaisie, la croissance vers le passé «j'ai grandi, nous dit-il avec les tableaux de mon grand-père» (l'un des pionniers de la peinture algérienne avec Racim, Bouzid, Issiakhem, Loual, Benaboura…). Azwaw Ali Mammeri a exposé dans différentes régions du pays depuis 1980 et sa dernière exposition avec un autre artiste Bendiffellah Tayeb à la Maison du peuple remonte à 1999 et à 1998 où il obtient le premier prix de la peinture de la ville d'Alger.