La ville de Tizi Ouzou a vibré hier au rythme de deux marches auxquelles ont appelé respectivement le parti de Saïd Sadi et le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, de Ferhat Meheni, pour commémorer le 30e anniversaire du printemps berbère. Dès la matinée, les marcheurs commençaient à converger vers l'université Hasnaoua. Mais voilà que la marche du RCD qui devait débuter à 10h30 du carrefour du 20 Avril vers le stade Oukil Ramdane change de lieu de départ. C'est que les organisateurs ont décidé de l'entamer devant le portail de l'université alors que les marcheurs du MAK qui devaient débuter leur action à 10h30 étaient déjà sur place, soit sur le lieu où devait partir la marche du Mouvement pour l'autonomie. Les marcheurs des deux camps se sont ainsi chevauchés. C'était un véritable méli-mélo. La tension était perceptible et il y a eu même des échanges de propos non courtois entre les deux «camps». Cependant, aucun dépassement majeur n'est à signaler. Les marcheurs qui ont répondu à l'appel du parti de Saïd Sadi, environ 2000 selon les estimations du parti, moins selon les services de sécurité, (plusieurs carrés étaient clairsemés), ont entamé leur marche en premier. Munis de plusieurs banderoles sur lesquelles ont pouvait lire les slogans chers au parti, comme «L'Algérie est riche, le peuple est pauvre» ou encore «Pour les libertés démocratiques», la procession a arpenté la rue Lamali qui longe le CHU et s'est dirigée vers le stade Oukil Ramdane. Tout au long du parcours, on pouvait entendre plusieurs slogans hostiles au pouvoir et en faveur de l'officialisation de tamazight. En l'absence des hauts dirigeants du parti, on a remarqué la présence de nombreux députés de la région, des élus locaux. A leur tour, les marcheurs qui ont répondu à l'appel du MAK, dont un grand nombre d'étudiants (nous avons remarqué aussi la présence de nombreux ex-délégués de la coordination des arouch), se sont ébranlés quasiment sur le même itinéraire. Auréolés des couleurs du mouvement (bleu, jaune et vert) et déployant un grand nombre de banderoles, les marcheurs estimés à près de 3000 ont formé plusieurs carrés compacts. Cette marche placée sous le slogan «La marche de la liberté», s'est déroulée dans le calme. La foule qui scandait des slogans favorables à l'autonomie de la Kabylie et bien d'autres encore pour la langue amazighe, a observé une minute de silence au niveau du carrefour des Martyrs du printemps noir à la mémoire des 126 victimes de la répression des événements de 2001. La procession a poursuivi son chemin jusqu'au centre-ville, devant l'ex-hôtel de ville, où elle s'est dispersée après une prise de parole. Notons que sur l'itinéraire emprunté par les marcheurs des deux «camps», les magasins sont restés ouverts et plusieurs milliers de personnes sont restées sur les trottoirs, observant les marcheurs qui leur envoyaient des flèches : «Pas besoin de spectateurs, tout le monde est concerné !» En somme, comme l'année dernière, et sans vouloir jongler avec les chiffres, la commémoration de cette date phare du combat identitaire n'a pas connu la mobilisation d'antan.