De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Les rues de la ville de Tizi Ouzou ont vibré, hier mardi 20 avril, au rythme des marches de protestation organisées dans le cadre de la commémoration du trentième anniversaire du Printemps amazigh de 1980, et ce, par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Saïd Sadi et le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) de Ferhat Mehenni qui ont appelé séparément à des marches à cette occasion. Des marches qui ont eu du retard au démarrage dans la mesure où les manifestants du parti de Sadi, les premiers à s'ébranler, se sont élancés du carrefour du 20 Avril près d'une heure après l'horaire prévu pour leur manifestation. A coups de slogans favorables à leur formation politique, à son président et au colonel Amirouche, et hostiles au pouvoir, particulièrement Bouteflika, Ouyahia et Zerhouni, les marcheurs, entre 1 000 et 1 200, ont arpenté la rue Ahmed Lamali et Ali Rabia par la maison de la culture Mouloud Mammeri pour terminer leur marche entre le siège de la cité administrative et l'accès supérieur de la maison de la culture où la déclaration qui a accompagné l'appel à la marche sera lue par l'un des étudiants du parti. Trois haltes ont été observées par les marcheurs pour des minutes de silence devant le portail d'accès du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou et au carrefour du Djurdjura au centre-ville mais aussi devant la maison de la culture pour dénoncer la «corruption» en brandissant des billets de 1 000 dinars en face de l'institution dirigée par leur ancien camarade, El Hadi Ould Ali. En matière de mobilisation, les partisans de l'autonomie ont fait match nul avec les manifestants du RCD dans la mesure où les deux organisations politiques ont rassemblé pratiquement le même nombre de marcheurs dans les rues de Tizi Ouzou. Mais il est clair que les slogans scandés ne sont pas les mêmes, les autonomistes préférant ceux en rapport avec leur revendication principale, c'est-à-dire l'autonomie de la région de Kabylie. «Pouvoir assassin», devenu un slogan traditionnel dans la région, est le seul slogan commun entre les deux «communautés» de manifestants qui ont tenu à donner, chacun camp à sa manière, un cachet particulier à Tafsut Imazighen pour son trentième anniversaire. De leur côté, quelques dizaines de personnes de l'ancienne structure des arouch ont observé un rassemblement au carrefour du Djurdjura, baptisé au nom des martyrs du printemps noir pour rendre hommage aux victimes des éléments de la gendarmerie lors des événements de 2001 tandis que des étudiants syndicalistes de la Coordination locale des étudiants (CLE) ont profité de cette commémoration pour manifester leur colère contre l'administration de la direction des œuvres universitaires et de l'institution judiciaire qui ont maintenu les plaintes déposées contre les syndicalistes par l'ex-directrice des œuvres universitaires de Tizi Ouzou. Ils étaient également des dizaines à marcher de l'université vers le siège du tribunal de Tizi Ouzou pour exiger le retrait des plaintes à coups de slogans en rapport avec la revendication, tels que «nous sommes des étudiants, nous ne sommes pas des criminels».