Les services d'oncologie, à l'échelle nationale, font face à une grave pénurie de traitements spécifiques pour les cancéreux, particulièrement l'Herceptin et l'Avastin réservés aux cancers du sein, du colon et des poumons. Cette pénurie perdure depuis plus de deux mois déjà. Les oncologues ne cessent de multiplier des appels en direction des autorités concernées, mais sans qu'il y ait de réelles réactions pour éviter les conséquences néfastes sur les cancéreux. Ces derniers doivent endurer non seulement le poids de la maladie, mais également le manque de médicaments qui sont indispensables pour ralentir l'évolution des lésions. L'état d'urgence est décrété pratiquement dans tous les services d'oncologie, et les malades redoutent la prolongation de ces «pénuries fréquentes» des traitements anti-cancers. Au centre Pierre et Marie-Curie (CPMC), les malades des quatre régions du pays viennent chercher leurs médicaments indisponibles dans les centres de leur wilaya. Les patientes, qui reçoivent des doses de Herceptin tous les 21 jours, vivent ainsi dans un état de panique et de peur d'une rechute éventuelle. Pour Leila, jeune maman atteinte d'un cancer du sein suivant des séances de chimiothérapie au CPMC, «ce n'est pas la première fois qu'on enregistre de telles pénuries de traitement», elle ajoute que même ses rendez-vous pour les séances de chimiothérapie sont souvent reportés de plusieurs semaines, à cause des pannes techniques. Selon elle, la situation a toujours été «inquiétante et dangereuse». Contacté par nos soins, le professeur Kamel Bouzid, chef de service d'oncologie au CPMC, a confirmé l'information faisant état du manque des deux traitements sus-cités. Il a tenu, dans ce cadre, à mettre en garde contre les incidences négatives pouvant être engendrées, au cas où cette interruption médicamenteuse perdurerait. Il a appelé également les instances concernées à agir dans l'immédiat afin d'éviter d'exposer les patients au danger. Le président du Syndicat des pharmaciens, Massoud Belamri, a, pour sa part, insisté sur la nécessité de prendre «des mesures sérieuses», afin d'éviter ce genre de situation aux cancéreux, estimant qu'il faut remédier à la pénurie de médicaments sous toutes ses formes. «Il faut éviter d'exposer le patient à des pressions psychologiques ou des complications graves pour sa santé», a-t-il conclu.