Les services de l'APC de Sidi M'hamed comptent aménager des aires de jeux de proximité et de détente, ainsi que des espaces verts dans le quartier Zaâtcha, précisément sur l'assiette où vivaient plus de 200 familles qui ont été évacuées, les 11 et 12 avril. «Il faut battre le fer quand il est chaud.» C'est en tout cas ce que font actuellement les services de l'APC de Sidi M'hamed dans le cadre de la gestion du dossier Zaâtcha. On s'en souvient, le quartier qui abrite un des plus anciens bidonvilles de la capitale - il remonte à 1958 -a connu une effervescence particulière dans la nuit du 11 au 12 avril dernier, et même durant les jours suivants, avec l'évacuation de la population vivant dans des baraques. Officiellement, la wilaya a fait d'état du relogement, lors de cette opération, de 197 familles dans les nouvelles cités de la commune de Tessala El Merdja notamment. Les familles qui n'ont pas été touchées par le recasement ont tout simplement été expulsées du site. Selon des indiscrétions, la wilaya déléguée de Sidi M'hamed aurait recensé des familles vivant dans ce bidonville alors qu'en parallèle elles sont propriétaires de villas dans d'autres communes de la capitale ! D'après les mêmes indiscrétions, les autorités ont aussi procédé à l'expulsion d'une dizaine de familles, récemment installées à Zaâtcha, en contrebas du boulevard des Martyrs. Les concernés ont été redirigés vers leur wilaya d'origine (Médéa). Tous les habitants ont été donc évacués du bidonville. Dans la matinée du 12 avril, les autorités locales ont commencé les travaux de démolition, mobilisant plus de 2000 agents de manutention, conséquemment au recasement de la population. Au même moment, les services de l'APC se préparent à lancer un projet à implanter à la place des baraques démolies. Le projet a été rendu public la semaine passée. Dans un communiqué diffusé par l'APC, il est ainsi fait état d'un «projet d'étude et de suivi des travaux d'aménagement d'aires de jeux de proximité, des aires de détente et des espaces verts» à Zaâtcha. Le bureau d'études en charge de cette opération devrait être connu le 29 avril, précise le communiqué de l'Assemblée communale. La rumeur qui a circulé ces derniers temps dans le quartier, selon laquelle ce serait un investisseur saoudien qui aurait acquis l'assiette en vue d'y construire un hôpital, est sans fondement. «Les gens du bidonville Zaâtcha vous souhaitent une bonne année 2010 !» Depuis le lancement du programme portant éradication progressive de l'habitat précaire dans la première ville du pays, par la distribution de 10 000 logements sociaux entre mars et octobre 2010, un grand souci préoccupe la wilaya : comment éviter le repeuplement des sites évacués. A Zaâtcha, en tout cas, la réoccupation de l'endroit n'a pas eu lieu. De moins jusqu'à vendredi après-midi. Vu du boulevard des Martyrs, le site est méconnaissable. La démolition des baraques a été totale. Les agents manutentionnaires de la wilaya, mobilisés en renfort dès la matinée du mardi 12 avril, n'ont laissé dernière eux que de grandes esplanades nues. Les gravats résultant de la casse ont été évacués et il est très difficile maintenant de trouver un indice prouvant que le quartier a abrité, depuis les années 1950, un baraquement où des familles vivaient dans des conditions des plus déplorables qui les a poussés, à la fin, aux émeutes. Une fois au milieu du site, on s'aperçoit de la présence de plusieurs éléments de la garde communale qui ont pris position à l'intérieur et à l'extérieur d'un fort en ruine qui daterait de l'époque ottomane. C'est rassurant, le site est gardé de toute nouvelle intrusion. En dépit de la mobilisation de tous les moyens, afin d'effacer toute trace de baraques, les autorités par mégarde ont laissé de rares indices. Dans la rue des Frères Bouaraba, sur la façade d'un mur d'enceinte, à quelques pas du dispensaire du quartier, les habitants évacués ont en effet écrit : «Les gens du bidonville Zaâtcha vous souhaitent une bonne année 2010 !»