«L'intérêt de la presse est d'améliorer son professionnalisme et ses capacités d'influer positivement sur les lecteurs», a tenu à souligner d'emblée Azzedine Mihoubi, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Communication. Ce responsable s'est dit défenseur des droits des journalistes afin de leur permettre d'exercer dans les meilleures conditions. Le métier de journaliste, pour lui, revêt un caractère particulier dans la mesure où l'homme de la presse est confronté à plusieurs contraintes, d'où la nécessité de lui garantir les bonnes conditions de travail. S'agissant de la presse écrite, il a estimé que certains titres ont réussi à se professionnaliser et travailler conformément aux normes exigées en la matière. Après de longues années dans le métier de la presse, quels sont à votre avis les besoins de la profession ? Sur le plan interne, les journaux doivent avoir une ligne éditoriale. Le recrutement doit être basé sur le professionnalisme accompagné d'une formation permanente et continue. Un recyclage permanent est indispensable. Les relations de travail dans les entreprises de presse doivent être claires et permettent de préserver les droits des journalistes qu'ils soient d'ordre financiers ou sociaux. Il faudrait garantir tous les avantages prévus par les entreprises de presse. Le journaliste devra bénéficier de tous ses droits afin de pouvoir accomplir son travail. L'autre point est la relation entre l'entreprise de presse comme produit médiatique commercialisé avec l'opinion publique. Ceci exige la disposition d'un bon réseau de distribution, une ligne éditoriale claire, capable d'attirer un public. Les quotidiens doivent faire des études de proximité afin de connaître les besoins des populations des différentes régions pour pouvoir cibler l'information. De cette façon, les quotidiens pourront gagner plus de lectorat. Il ne suffit pas de produire un journal mais d'analyser les vrais besoins des gens. La concurrence devra inciter les entreprises de presse à initier ce genre d'enquête car leur lectorat risque de reculer avec la parution d'un nouveau quotidien sur la scène nationale. Quant au volet technique, il devra bénéficier aussi d'une attention particulière, car la présentation doit attirer les lecteurs. Vous étiez député entre 1997 et 2002 et vous avez travaillé comme journaliste auparavant. Quelle est à votre avis la mission la plus difficile ? Le métier de journaliste, bien sûr (sourire). Que la personne soit député ou journaliste, elle s'adresse à un public. Le député est censé défendre les intérêts de la population qui a placé sa confiance en lui. La responsabilité du journaliste est également devant l'opinion publique. Le rôle de la presse est de constituer une opinion publique. En finalité, chacun est devant une responsabilité. Selon vous, la presse algérienne influe-t-elle sur l'opinion publique ? Oui. Certains titres influent effectivement sur l'opinion publique. C'est pour cette raison que j'insiste sur le professionnalisme. Le journaliste doit écrire l'information avec objectivité sans orienter le lecteur. La formation doit concerner en premier lieu les journalistes en exercice qui n'ont pas suivi des études dans le domaine de la communication et du journalisme. Etant responsable du secteur de la communication, nous sommes disposés à accompagner la presse écrite pour organiser des cycles de formation et de perfectionnement dans les deux secteurs public et privé, au profit de la presse écrite et audiovisuelle. Quels sont, à votre avis, les besoins des journalistes en termes de formation ? Les journalistes doivent bénéficier d'une formation juridique afin de connaître les règles qui encadrent la profession. Les journalistes ne doivent pas se retrouver poursuivis en justice pour avoir commis des erreurs réprimandées par la loi. La sanction par la loi n'est pas propre à l'Algérie, puisque même dans les pays démocratiques, il existe des lois qui encadrent la profession. Il sera donc possible de faire appel aux spécialistes de la loi pour organiser des séminaires à travers l'ensemble des régions du pays. Les journalistes ont besoin aussi, de mon point de vue, de bénéficier de formations dans le domaine professionnel, notamment pour ce qui a trait aux différentes techniques de rédaction. Nous pouvons faire appel aux personnes expérimentées en la matière qu'ils soient anciens journalistes ou académiciens afin de former les journalistes, surtout les correspondants qui constituent la base arrière de tous les journaux algériens. Même les photographes de presse pourront bénéficier de formations. Les instituts de la communication doivent créer, par exemple, des modules relatifs à la réglementation. Car nous remarquons que 90% des affaires en justice ont pour cause la diffamation, d'où la nécessité de rattraper ce déficit. Propos recueillis par