Il y a un an, nous avons rapporté dans l'une de nos éditions qu'une éventuelle réalisation d'un hôpital régional destiné à la prise en charge des cancéreux de certaines wilayas du sud du pays était sur le point de départ. Pour rendre concrète l'idée, les décideurs ont opté pour un terrain d'assiette approprié et débloqué une importante enveloppe budgétaire. Mais nous apprenons qu'une contre-information fait l'actualité non seulement à El Oued mais dans d'autres régions limitrophes. D'après de nombreuses sources concordantes, ce projet qui constituait le rêve unanime de la totalité de la population s'est évaporé pour des raisons non convaincantes, du moins pour les personnes atteintes de diverses formes de la maladie la plus pernicieuse et dont El oued enregistre mensuellement au moins 40 nouveaux cas. En effet, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a dans une décision sans précédent, annulé de son programme la mise en place de ce projet tant attendu par une catégorie souffreteuse de plus en plus nombreuse. Les habitants d'El Oued et même d'autres régions avec qui nous avons eu l'opportunité de débattre les raisons essentielles d'une pareille décision officielle, affichent clairement leur mécontentement. La colère ne vient pas uniquement des milieux populaires, les officiels, particulièrement les élus de l'APW font eux aussi preuve d'une extrême tourmente et ne savent pas à quel saint se vouer puisque la décision est venue du haut, préfèrent-ils dire. Au cours d'une séance plénière à laquelle le premier responsable de la wilaya a pris part, les élus ont unanimement condamné le décret ministériel du département de Saïd Barkat faisant état de l'annulation de l'idée de construction de l'hôpital en question. Selon les responsables soufis, cela ne fait qu'aggraver de plus en plus la situation des cancéreux et met en péril leur vie du fait que les hôpitaux référentiels, ceux des wilayas du nord, se trouvent distants à des centaines de kilomètres des wilayas du sud. «Au sujet de cette décision tombée tel un couperet sur nos têtes, nous avons élaboré une liste de condamnations que nous prévoyons de transmettre au ministre de la Santé lui rappelant les effets fâcheux sur les malades du sud du pays», s'indigne un membre de l'APW. Rejoint par nos soins, un responsable occupant un poste sensible explique que «le ministère est revenu sur la décision de la réalisation de cet hôpital sous prétexte du manque d'encadrement pouvant prendre en charge les malades. C'est ce qu'a relevé la commission ministérielle technique dépêchée à cet effet à Oued Souf. Mais c'est une raison qui est toujours loin d'être recevable». Le même responsable ajoute que «le ministère a, après avoir choisi le terrain d'assiette sur lequel le projet devait être érigé, ordonné l'aménagement d'un service de cancérologie au niveau de l'hôpital Djilani Ben Omar, et ce, dans l'attente de la concrétisation du nouvel hôpital. Quelques jours plus tard, l'idée même du projet a été annulée». Par ailleurs, certaines sources accusent d'autres parties d'être derrière la non concrétisation de la structure hospitalière et son transfert vers une autre région. Du côté des associations locales, notamment celles activant dans le domaine de la lutte contre les maladies dangereuses, et l'ensemble des représentants de la société civile ne cachent pas leur indignation et exhortent les hautes sphères à réfléchir une fois encore sur le devenir des milliers de sujets atteints de différentes formes tumorales. Entre ceux qui ont pris cette décision et les responsables d'El Oued qui se battent encore pour que le ministère revienne sur sa décision, les milliers de cancéreux du sud, victimes d'un rêve tué dans l'œuf, continuent à endurer seuls leur souffrance tout en faisant des centaines de kilmètres de leurs villes vers Alger, Annaba, Sétif, Batna et autres villes du nord dotés d'hôpitaux de traitement de cette maladie dont le nom à lui seul fait accentuer le rythme des palpitations cardiaques. Rappelons une fois encore que le cancer fait des siennes au sud du pays et que la wilaya d'El Oued en recense chaque mois 40 nouveaux cas. Pourquoi ce chiffre effrayant ? Sommes-nous dans un pays où la médecine fait défaut ? Se demande-t-on.