C'est une floraison de couleurs et de formes que nous a offert l'artiste Mohamed Nedjar dans son exposition qui s'est tenue du 26 avril au 5 mai, à la galerie Didouche Mourad Intitulée «Puissance et sensibilité», l'exposition signe particulièrement la beauté de la nature à travers d'innombrables bouquets de fleurs de toutes sortes. Ce sont de magnifiques vases gorgés de fleurs aux multiples teintes qui plaident pour cette effusion chromatique qu'affectionne l'artiste. Cette nature mise en relief semble être un hymne à dame nature, thème de prédilection de Nedjar. Ces fleurs multicolores apportent cette touche tendre et un peu surannée à ces toiles figuratives, notamment l'œuvre relative aux cornets blancs aux tiges d'un vert céladon. Dans un autre volet, Nedjar raconte à sa manière La Casbah. Ce sont des tableaux de grand format qui relatent le quotidien de cette cité millénaire. Des scènes de la vie, telle cette femme au haïk blanc et à la voilette qui porte un couffin, ou ces vieux volubiles ou ces enfants qui jouent. A travers ces ruelles sombres, ces venelles et ces escaliers escarpés, le plasticien dévoile la beauté de ce quartier pittoresque et populaire. D'autres œuvres semi-figuratives aux thèmes multiples montrent en filigrane des silhouettes aux couleurs jaune, mauve et bleu. La décennie noire est représentée par des oiseaux aux becs sombres assez crochus aux tons noir et rouge, témoignant de cette tragédie de feu et de sang. Des ombres d'hommes rappellent la terreur de cette période avec comme intitulé Le Hurlement. Le son de la musique classique, seule toile abstraite, rehausse diverses formes avec une frénésie déclarée et montre la quintessence de cette œuvre. Emotion et sensibilité Ces compositions diverses confirment l'expression plastique en pleine maturité graphique de Nedjar. Sa peinture de haute facture se renouvelle dans des thématiques distinctes qui focalisent sur la vie et la beauté. L'œil aiguisé et l'observateur aguerri qu'est Nedjar fait de nombreux clins d'œil à l'actualité dans cette quête d'esthétique. De ses œuvres suintent beaucoup d'émotions, de la sérénité, de la plénitude et de la sensibilité. Le rappel à une époque de troubles et de tourmente reste marqué par le sceau de l'angoisse et de la peur avec ces tons tristes. Notons que l'artiste a obtenu les prix de la peinture de la ville d'Alger en 1985, en 1986 et en 1987. A son actif, il comptabilise de nombreuses expositions collectives en Turquie, Irak, Liban, Espagne, Pologne, Canada, Japon , Bulgarie, Russie, Tchéquie Tunisie et Allemagne. Un détour à la galerie s'impose pour mieux appréhender ces œuvres de qualité d'un peintre qui fait ses preuves.