L'émissaire américain Kurt Campbell est arrivé dimanche en Birmanie, à quelques mois des élections législatives, les premières depuis 1990. Il doit rencontrer des responsables de la junte militaire ainsi que l'opposante Aung San Suu Kyi. Sa visite intervient deux jours après la dissolution du parti de «la Dame de Rangoun», la Ligue nationale pour la démocratie (LND, fondé en 1988). Pour s'enregistrer aux élections, attendues à la fin de l'année, la LND aurait dû exclure de ses rangs tous ses prisonniers politiques, dont Aung San Suu Kyi, condamnée à dix-huit mois d'assignation à résidence en août 2009. Elle a refusé, entraînant automatiquement sa dissolution, vendredi, conformément aux lois électorales édictées par la junte. Vers un nouveau parti d'opposition Selon Nyan Win, porte-parole de la LND, «il sera désormais plus difficile de diriger les masses». Vendredi, 25 cadres du parti ont toutefois décidé de poursuivre le combat politique sous une autre étiquette. Son nom définitif n'a pas été choisi, et la décision de participer ou non au scrutin n'a pas été officiellement prise. Les jeunes de la LND, eux, espèrent que la dissolution donnera un nouveau souffle à l'opposition. «Nous allons nous fondre dans la société, et les autorités auront le plus grand mal à nous arrêter», s'amuse un leader de la branche jeunes. Hormis sa victoire aux élections de 1990 «jamais reconnue par la junte», la LND a un faible bilan. «Ces vingt dernières années, les gens se sont organisés eux-mêmes, sans la LND», analyse un proche de la direction du parti. De fait, le soulèvement de 2007 contre la junte a été mené par les moines et la population. La LND ne s'y était pas impliquée officiellement.