Des alertes sur les retraits de médicaments sont données régulièrement. Certaines ne sont pas prises au sérieux par les autorités sanitaires algériennes car on trouve la majorité de ces produits toujours en vente sans que le pharmacien ne soit au courant d'un éventuel retrait. Qui doit réagir en premier et alerter et les médecins et les pharmaciens pour stopper la prescription et la vente ? Le dernier exemple est celui du Methergin 0,25 mg/ml retiré depuis plus d'une semaine. L'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), en accord avec le laboratoire Novartis Pharma SAS, ont procédé depuis le 3 mai au rappel de tous les lots de Methergin 0,25 mg/ml, solution buvable, suite à la mise en évidence, lors d'étude de stabilité de routine, de résultats non conformes avec une diminution de la teneur en principe actif à péremption. Lors d'une tournée au niveau des pharmacies de la wilaya de Constantine, le produit en question, indiqué en obstétrique et en cardiologie suivant les mêmes références données par l'alerte de l'Afssaps, est en vente. Les pharmaciens d'officines affirment ne rien savoir sur ce retrait du marché et continuent à le vendre même sans ordonnance. Même chose au niveau des praticiens qui continuent à le prescrire en dépit de cette alerte. Ce produit est toujours en vente. Un autre exemple plus frappant, celui du Diantalvic qui avait suscité en 2005 une vive polémique et le ministère de la Santé avait ordonné son retrait du marché algérien. Ce produit a été interdit à la vente en France et en Europe suite à la recommandation faite par l'agence européenne du médicament concernant la nocivité du dextropropoxyphène, un des composants de ce produit. Bien que l'alerte soit donnée, la commercialisation du Diantalvic, notamment son générique connu sous l'appellation de Xalgesic, est toujours toléré. Pis encore, les pharmaciens n'ont, semble-t-il, reçu aucune notification du ministère de la Santé au sujet de ce produit. S'agit-il d'une négligence ou d'un écoulement des stocks disponibles ? Tant de questions qui restent sans réponse, surtout que plusieurs produits pharmaceutiques retirés du marché mondial continuent à être vendus en Algérie. Quel est le rôle du pharmacien d'officine dans la pharmacovigilance, lui qui est en contact permanent avec les citoyens pour une éventuelle délivrance des produits ? «La communication et l'information entre les autorités sanitaires à différents niveaux et le pharmacien, dernier maillon de la chaîne, est obsolète. Malgré que l'information d'un retrait nous est parvenue, le médicament est écoulé sans explication préalable», a tenu à préciser un pharmacien. Il faut dire d'ailleurs que le rôle du pharmacien d'officine est de sécuriser son conseil et sa dispensation, substituer un générique à une spécialité onéreuse, et enfin prodiguer l'information nécessaire sur les médicaments prescrits. Il se doit de contrôler l'emploi de ces médicaments pour évaluer leur efficacité et leur sécurité dans le temps.