Le recel est un délit bête, sot, imbécile et tout et tout. Quelqu'un qui achète en deuxième ou troisième mains un objet neuf ignore souvent que cet objet est le produit du vol. Les magistrats, surtout ceux du siège, sont formés sur la base que nul n'est censé ignorer la loi. Et cette maxime ne s'apprend pas sur le banc de l‘école ou à la fac. C'est une façon de vivre qui fait qu'un vélo de quatorze millions de centimes ne peut être revendu moins de la moitié de son prix. Ainsi un jogging de quinze mille dinars proposé au tiers de son prix est.... volé. A Koléa, le président de la section correctionnelle du tribunal a refusé d'avaler une seule couleuvre. Toutes les versions des deux receleurs ont laissé apparaître durant les débats qu'ils n'étaient pas plus receleurs que deux pauvres innocents. Non, ce sont eux qui ont volé le survêt ! Et pour éloigner le doute, tous les doutes, ils les ont portés le temps de.... Deux détenus portant pour le premier une veste de survêt aux couleurs nationales et le second, celle des Canaris de Tizi. Ils sont inculpés de vol de veste High standing. Mehdi l'acquéreur était formel. Je l'ai payée dix mille dinars. Une observation : Le prix est loin du prix réel, car c'est une veste volée et donc rachetée pour quelques dinars. Hamid T. et Salah w., tous deux âgés de vingt-six ans, se renvoient la balle. Le jeune témoin, Mehdi, ne prête pas serment, car le mineur avait reconnu avoir reçu la veste de la part de Salah W. D'ailleurs, Samir Hamel lui avait rappelé qu'il allait être jugé par le tribunal des mineurs. Et le jeune Mehdi, de rougir pas de honte mais de trouille à l'idée qu'il allait comparaître par devant le tribunal des mineurs ; on lui avait sifflé ce qu'il encourait, surtout que Hamel avait parlé en qualité de possesseur et de détenteur de l'opportunité des poursuites. Il faut dire de suite que ledit mineur ne fait pas son âge. A voir de près sa tronche, son torse et même son regard qui fuit, on peut aisément avancer sans crainte d'être contredit que ce S. M. a tout fait à son âge : tabac, alcool, drogue, maniement de l'arme blanche, il a même joué à l'épieur durant les vols d'appartements, un vrai mineur en somme : pas celui qui sue au fond des galeries noires , sombres, humides mais celui qui apprend la vie à l'envers. Revenons à hamid t. et Salah w., hadj Rabah Barrik, le président montre sans trop s'étaler que ce tribunal n'aime pas perdre son temps. Alors, il va passer la vitesse supérieure, sans trop s'inquiéter de l'état d'esprit des deux détenus ni du timide témoignage du jeune S.M., qui n'avait pas tellement envie de jouer au délateur. Alors, il va opter pour ce qu'il n'a pas bien vu, ce qu'il n'a pas entendu. Il n'est même pas sûr qu'il avait , le jour des faits, rencontré Salah et Hamid lesquels allaient alors reprendre du poils de la bête et le refrain de cette histoire qu'ils avaient craché le morceau sous la contrainte «on ne nous a pas ménagés. Nous étions donc obligé de signer le procès-verbal et pouvoir nous débarrasser de l'interrogatoire» avait souligné l'un d'eux. Ce qui fera vite réagir le juge qui trouva dix-sept secondes pour ironiser sur le déroulement de ces moments forts : «Ainsi, vous allez adopter la même attitude avec le tribunal pour en finir avec ce calvaire subi devant le tribunal ?» Monsieur le procureur, vos demandes s.v.p.» balance sans montrer sa belle dentition Barik qui infligera une peine de prison ferme de un an la moitié de ce qu'avait réclamé le procureur, assis dans une position qui démontre sa disponibilité à siéger toute la journée. Les deux frais condamnés apprennent qu'ils ont dix jours pour interjeter appel, si toutefois le verdict ne leur convenait pas. Ils ne répondront plus. Encore utile qu'ils avaient pu, trois minutes plutôt, prononcer le dernier mot entre les lèvres.