Malgré la plainte déposée en référé par la direction générale de la SNTF devant la chambre administrative du tribunal d'Alger, les cheminots campent sur leurs positions et maintiennent le débrayage jusqu'à satisfaction des revendications mises sur la table. La chambre administrative du tribunal d'Alger a statué hier sur l'illégalité de la grève et appelle à la reprise immédiate du service des cheminots. Le dépôt de ladite plainte intervient après quatre jours de grève qu'observent les cheminots. Le mouvement enclenché par les travailleurs vise arracher leur droit à une augmentation des salaires, ou tout au moins un alignement du salaire de base sur le SNMG. La convention de branche signée en 1997 évoquait cet aspect, mais jusque-là, la direction de la SNTF fait la sourde oreille. Contacté par nos soins, le chargé de l'information de la Fédération nationale des cheminots, Djamel Bichikhi a déclaré : «Nous avons reçu une convocation pour comparaître devant le tribunal. En tant que Fédération nationale des cheminots, nous appelons à l'application de ladite décision de justice. Mais il demeure que les cheminots sont les seuls décideurs de la reprise ou non du travail.» Pour sa part, le porte-parole de la cellule de crise mise en place par les cheminots, M. Abdelhak, a ajouté que le verdict de la justice était tombé hier. «Ils peuvent toujours courir. Nous allons continuer notre débrayage. Nos aînés ont fait face à la direction générale en 1977 et nous sommes prêts à réitérer cet exploit en matière de lutte syndicale.» Pour notre interlocuteur, «la direction générale ne peut convoquer les 10 000 cheminots pour comparaître devant la justice et ne peut pas également licencier 10 000 ouvriers, qui sont des mécaniciens et des conducteurs chevronnés. C'est quasiment impossible. Donc, nous allons maintenir la grève jusqu'à satisfaction de nos doléances». Le porte-parole de la cellule de crise parle de fuite en avant de la direction générale. Selon lui, «fermer toutes les portes du dialogue devant les cheminots et dire que les discussions ne seront entamées qu'après la reprise du service n'est pas une démarche rassurante. Nous leur dirons que tant qu'un débat franc et honnête n'est pas engagé pour l'application de la loi, nous continuerons notre mouvement de grève». Athmane, mécanicien sur la ligne Alger-Oran, nous livre dans son témoignage les tenants et aboutissants de cette grève. «Nous avons mis le pied dans ce mouvement et nous allons continuer. Nous sommes vraiment lésés. Je tiens à vous faire savoir que nous avons accepté l'augmentation de 16% dans l'objectif de voir notre salaire évoluer, en attendant la revalorisation du SNMG en janvier 2010. Mais à notre grande surprise, nous nous retrouvons actuellement au-dessous du SNMG qui est de 15 000 DA. C'est injuste.» Ce père de famille avec 6 enfants à charge et victime d'un attentat à la bombe lors de la décennie noire, dans le cadre de son trajet habituel pour lequel il ne touche aucune indemnité, se retrouve aujourd'hui au bord de l'asphyxie. Après 22 ans de service, il perçoit un salaire mensuel net de 17 600 DA. Le DRH de la SNTF appelle à la reprise Le directeur des ressources humaines de la SNTF, Nouredine Dakhli, a indiqué dans une déclaration à notre journal que «le verdict est tombé et il ne reste aux cheminots qu'à l'appliquer, sinon des mesures disciplinaires vont suivre». M. Dakhli a rétorqué, quant au refus des cheminots de reprendre du service : «Chacun doit assumer ses responsabilités. J'appelle les cheminots à reprendre le travail, car cela est dans leur intérêt.» En attendant, les trains sont à l'arrêt pénalisant ainsi des milliers, voire des millions de citoyens dépendant du transport par rails.