Les cheminots, qui demeuraient hier intransigeants, demandaient l'application de la loi à leur secteur. Le verdict du tribunal de Sidi M'hamed est tombé hier, suite à la plainte de la direction générale de la Sntf, (Société nationale des transports ferroviaire) contre les représentants légaux des cheminots grévistes. Selon un communiqué de la Sntf, parvenu hier à la rédaction, la justice a ordonné l'arrêt de la grève et la reprise immédiate du travail. Commentant cette décision, Benmensour Abdelhak, syndicaliste et porte-parole de la cellule de crise, installée dimanche dernier, a indiqué: «Nous maintiendrons la grève jusqu'à l'aboutissement de nos revendications», et d'ajouter: «Il fallait entendre les deux parties, or, nous qui avons initié la grève, nous n'avons été entendus par personne.» Au 4e jour de la grève, la situation ne semble plus aller vers une solution qui remettra le train sur les rails. Les travailleurs de la Sntf campent sur leurs positions et sont décidés à maintenir le débrayage, malgré toutes les pressions et menaces de ponction de salaire brandies par la direction de la Sntf. Les cheminots estiment que leurs revendications sont légitimes: «Les travailleurs de la Sntf réitèrent le fait qu'ils sont dans la légitimité et que c'est la direction générale qui n'a pas respecté ses engagements», est-il écrit dans un communiqué des cheminots dont L'Expression a obtenu une copie. Pour étayer le bien-fondé de leurs revendications, M.Benamensour cite l'article 149 de la loi 90/11, du 21 avril 1990, relative aux relations de travail, qui stipule que tout employeur qui rémunère un travailleur, à un salaire inférieur au Snmg, est puni d'une amende de 1000 à 2000 DA, multiplié par autant de fois qu'il y a infraction. «Je vous invite à faire le calcul sur 10.000 travailleurs», a fait valoir le représentant des cheminots grévistes. Revenant sur le communiqué des cheminots, l'intervenant ajoute: «Au moment où le Snmg est à 15.000 dinars, la grille des salaires des cheminots reste inchangée et le niveau A1 reste coté à 12.480 DA.» Après le niet exprimé avant-hier, par le ministre des Transports, Amar Tou, concernant les revendications des cheminots, ces derniers se disent étonnés de la non-application d'une loi que les pouvoirs publics ont eux-mêmes signée avec le partenaire social. En effet, l'article 52 de la convention collective de 1997 stipule que le salaire de base du cheminot ne peut en aucun cas être inférieur au Snmg. «Nous ne demandons que l'application de l'article 52 de la convention collective», a déclaré M.Benamensour. Par ailleurs, il est souligné que, «le taux de suivi du mouvement d'arrêt de travail est d'environ 98%, non pas de 60%, comme indiqué par le DRH de la Sntf». «Les cheminots doivent rester unis et vigilants jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications», conclut le communiqué des cheminots grévistes. La Fédération appelle à la sagesse Pour sa part, Bechikhi Djamel, secrétaire national chargé de la communication à la Fédération nationale des cheminots, a déclaré hier, lors d'un point de presse improvisé au siège de cette dernière, que les deux parties, la direction générale de la Sntf, représentée par son DRH, M.Dakhli, Noureddine, et les représentants de la fédération, ont été entendus mercredi matin par le procureur général, près le tribunal de Sidi M'hamed. A l'origine, «une plainte déposée par la direction générale de la Sntf, contre les représentants des travailleurs grévistes, pour motif d'illégalité du mouvement de grève», a ajouté M.Bechikhi. Celui-ci espère voir les travailleurs reprendre leurs postes. «On appelle les travailleurs à plus de sagesse et rejoindre les postes, serait une bonne décision», a-t-il déclaré, tout en promettant que, «les négociations se poursuivront avec l'aide de la Centrale syndicale (Ugta), pour la satisfaction des revendications des cheminots». Sur ce point, Benamensour Abdelhak s'est montré catégorique: «Il nous faut un engagement écrit, conjointement signé par la direction générale de la Sntf et la Fédération, quant à l'application de l'article 52 de la convention collective, dans un délai d'un mois», a-t-il tranché, avant d'affirmer: «Sans cet engagement, le débrayage demeurera illimité.» Le bras de fer semble devoir se poursuivre entre les deux parties.