Bonne nouvelle pour les étudiants et usagers du transport ferroviaire ; sauf surprise, le train sifflera de nouveau à partir de cette matinée. Le durcissement du mouvement de grève par les cheminots n'a pas contraint la direction générale de la SNTF à maintenir le processus de négociation lancé au 2e jour du débrayage avec la fédération des cheminots. Il semblerait que, du côté de la DG, le dossier est clos, notamment après “le niet” signifié par le ministère des transports. L'heure n'est pas aux négociations, mais à la pression pour faire fléchir les grévistes. Et comme il fallait s'y attendre, les responsables de la SNTF ont mis en branle la machine judiciaire par un dépôt de plainte contre les grévistes pour “action illicite”. Les pouvoirs publics, qui se tournent le plus souvent vers le tribunal même pour des grèves déclenchées en bonne et due forme, ne pouvaient faire autrement avec un débrayage spontané et sans prévis. Aussi convaincants soient les arguments avancés par ses initiateurs. C'est ainsi que les responsables de la fédération nationale des cheminots, que les travailleurs ont mis devant le fait accompli, en décidant en solo de déclencher un mouvement de grève illimité, ont été auditionnés hier par le tribunal de Sidi-M'hamed. C'est ce que nous avons appris du syndicat. Rendant son verdict quelques heures après le tribunal, statuant en référé, le tribunal a confirmé le caractère illégal de la grève et s'est prononcé pour “l'arrêt de la grève et la reprise immédiate du travail.” Contacté, le DRH de la SNTF a confirmé la décision de la justice en soulignant que “nous avons exposé notre point de vue à la justice qui a rendu son verdict en ordonnant l'arrêt de la grève et la reprise du travail.” Et d'espérer que “les cheminots reprennent les rails à partir de ce soir (hier à 21h, ndlr) pour les trains régionaux.” Ce qui est peu probable, vu leur déception et détermination. Certaines sources soulignent que même si la reprise est décidée, elle ne sera effective que cette matinée. La nuit porte conseil, dit-on. La nouvelle fera certainement le bonheur des étudiants et des usagers du transport ferroviaire aux dépens de ceux qui leur assureront les navettes via les rails. En effet, la déception et la colère étaient hier à leur paroxysme au milieu des cheminots. Le verdict bien qu'attendu n'a pas manqué de provoquer l'ire des cheminots qui, sur le coup, juraient par tous les saints de ne pas abdiquer. “Nous avons décidé d'aller jusqu'au bout et nous le ferons jusqu'à la satisfaction de notre revendication. Il y va de l'avenir de nos enfants”, fulmine un cheminot. Un autre gréviste regrette que les responsables de la SNTF aient privilégié “la démonstration de force” au détriment du dialogue. “L'attitude de la DG cache mal ses intentions envers les travailleurs. Ce qu'ils veulent, c'est que l'on reprenne le travail avec des salaires de misère pour qu'ils puissent empocher et profiter de ce qui nous revient de droit.” Complètement désespéré, un autre cheminot pense que “personne ne peut piétiner une décision de justice. De toute façon, même si on reprend sous la menace, la grève menacera toujours l'entreprise.” En effet, les cheminots rencontrés hier étaient déçus et unanimes à dire que “tant que la revendication salariale n'est pas acceptée, le spectre de la grève planera toujours et rien ne dit que dans quelques jours nous paralyserons de nouveau les gares”. Du côté de la fédération nationale des cheminots, le ton est à la “sagesse”. Dans un appel à peine voilé pour la reprise du travail, le chargé de la communication de la fédération dira que “nous demandons que la sagesse prime dans la démarche des cheminots. Et nous assurons à nos travailleurs que leur syndicat ne cessera pas de négocier pour faire aboutir leurs revendications”. L'appel est lancé aux pouvoirs publics pour la réalisation du projet du président de la République car sa réussite dépend aussi du facteur humain et de ses conditions socioprofessionnelles, notamment l'application de l'article 52 de la convention collective”, confie M. Mikhiti. “connaissant bien les cheminots, je dirai qu'ils savent faire la part des choses”, a déclaré le chargé de la communication du syndicat.