C'est une riche et magnifique exposition de manuscrits que la direction de la Bibliothèque nationale du Hamma a initiée durant 30 jours à l'occasion du Mois du patrimoine. Cette manifestation culturelle qui dure du 18 avril au 18 mai a drainé beaucoup de jeunes férus de découvertes et de culture, selon les propos du conservateur M. Benmokkadem. Cette exposition compte 4226 manuscrits datant pour le plus ancien, du second siècle hégirien qui correspond au 8e siècle de l'ère chrétienne et de l'indépendance pour le plus récent. Ces manuscrits se retrouvent dans tous les domaines, notamment littérature, grammaire, rhétorique, mysticisme, généalogie, histoire, astrologie et interprétation du Coran, etc. «Cette riche et précieuse collection provient de dons de particuliers mais aussi d'achats grâce au budget spécifique de la bibliothèque consacré à cet effet», a affirmé Rachid Benmokkadem conservateur des archives et chercheur à la bibliothèque. Des manuscrits très rares On voit les manuscrits de différents formats et d'écritures diverses koufie, nastie, et des papiers ou de parchemins dans des vitrines. Ces multiples manuscrits sont beaux et d'une grande rareté pour certains comme ce superbe Coran de calligraphie persane à l'encre en or dédié à un roi. «C'est le célèbre copiste syrien Ibn Moutalah Hamaoui qui l'a écrit. Il date du 8e siècle hégirien. Autre nouveauté, un Coran, le plus ancien, écrit en koufi sur un parchemin, une peau de gazelle. Très bien conservé, il représente quelques sourate. Autre manuscrit ayant son importance, c'est un mémoire sur la peste en Algérie de Adrien Berbrugger, premier directeur de la BN de l'époque coloniale qui a eu l'idée de faire en 1937, la collecte des manuscrits», signale ce conservateur. Dans d'autres vitrines, on retrouve les instruments d'écritures des manuscrits comme les encriers, les kalams en bois ainsi qu'un livre vierge. Parallèlement à cette exposition, il y a un service de numérisation des archives qui a débuté à la bibliothèque en 1998. Selon le responsable M Seghier, les manuscrits sont consultés par écran par système Wi-Fi. «On a un scanner de microfilms et un autre pour documents pour que ces manuscrits soient sur supports CD et sur microfilms», dit-il. Ce service a comme objectif de conserver tous les supports papier et audiovisuel. Il est à souligner que les manuscrits nécessitent une préservation constante, soit préventive soit curative selon leur état de dégradation. «La première s'assigne comme objectif le contrôle climatique, notamment le taux d'humidité des magasins, le conditionnement dans des boîtes de conservation pour les manuscrits et des pochettes pour les supports audiovisuel selon les normes internationales, ainsi que les opérations de désinsectisation et de dératisation tous les trois mois et en dernier lieu, il y a la sensibilisation», explique les ingénieurs chimistes Mme Meriem Kechad et Mme Fatéma-Zohra Cherfouh. «Dans la conservation curative, il y a le traitement biologique et chimique traitant de l'acidité du papier quand le manuscrit est altéré ou infecté dans la mesure où celui -ci peut subir les fluctuations climatiques, la luminosité, les champignons, les insectes rongeurs et les mauvaises manipulations», selon les propos de ces deux ingénieurs.
Une exposition très instructive Selon M me Kechad et Mme Cherfouh, «l'opération de restauration consiste en le dépoussiérage et le gommage à l'aide d'une poudre en PVC suivie d'un test de solubilité de l'encre et lavage à l'eau et en dernier, la restauration à l'aide du papier permanent (PH neutre) avec un plioir, pinceau, poinçon, et scalpel. A l'évidence, c'est un travail minutieux qui dépend de l'état de dégradation et de la pagination du manuscrit. Il est à noter qu'un manuscrit traité et numérisé qui est mis en boîte n'est plus mis à la disponibilité du chercheur. Celui-ci doit prendre des gants pour la consultation du manuscrit. Pour les CD, la consultation s'effectue sur micro. En outre, il y a des copies disponibles pour les manuscrits. Selon ces deux professionnelles de la chimie «dans les principes de restauration, on ne doit en aucun cas retoucher le tracé d'un dessin ou d'une enluminure, ni réécrire un texte dont une partie aurait été détachée». Cette exposition très instructive et fort intéressante mérite le détour.