Le conflit du Sahara occidental s'oriente-t-il vers la reprise des armes entre le Front Polisario et le Maroc qui occupe militairement, depuis 35 ans déjà, le territoire sahraoui que l'Espagne n'avait pas conduit à l'indépendance pour rétrocéder son ancienne colonie à un pays tiers ? Cette voie, le président Mohamed Abdelaziz ne l'a pas écartée une nouvelle fois samedi, soit moins d'un mois après que le Conseil de sécurité eut cédé aux pressions de la France – soutien inconditionnel du Maroc – et évacué de son projet de Résolution 1920 la question de la surveillance des droits de l'homme au Sahara Occidental par la Minurso. Le leader du Front Polisario a dû rappeler, en guise d'avertissement, que le cessez-le-feu signé en 1991 à Houston entre les deux parties impliquées dans le conflit sahraoui ne signifiait pas la fin de la guerre d'indépendance au Sahara Occidental. Le cessez-le-feu sur place avait été conditionné par la tenue d'un référendum d'autodétermination sous l'égide des Nations unies, mais que la puissance occupante, voyant que les résultats de ce scrutin ne tournaient pas à son avantage, avait remis en cause. Cette situation de «ni guerre ni paix» dans la partie occidentale du Maghreb traîne depuis 20 ans déjà. Durant tout ce temps, le Maroc a tenté de réduire au silence, par les moyens les plus brutaux, le courant indépendantiste qui a émergé dans les villes occupées Al Ayoune, Smara ou Dakhla. Exécutions sommaires, disparitions, incarcérations dans la «prison noire», les autorités marocaines n'ont pas hésité devant les moyens à employer pour décourager (vainement) les aspirations à l'indépendance des Sahraouis. Malgré les rapports des commissions d'enquêtes internationales neutres, parlementaires, humanitaires ou civiles, sur les violations des droits de l'homme au Sahara Occidental, les Nations unies n'ont pas inscrit cette question comme une de leurs priorités. Une très grave erreur qui risque de compromettre toute chance de reprise des négociations entre les Marocains et les Sahraouis. En raison de l'attitude provocatrice de la France, le conflit sahraoui se prolonge indéfiniment. Le leader du Front Polisario a toutes les raisons du monde de considérer que l'implication «aveugle», parce que fortement intéressée, du gouvernement français dans le conflit sahraoui aux côtés du Maroc fait de la France une «partie au conflit sahraoui». Non plus un pays un pays du Conseil de Sécurité doté de la responsabilité internationale en matière de sauvegarde de la paix dans el monde. La préférence française du statu quo actuel à un règlement juste de la question sahraouie conformément au droit internationalement reconnu du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance risque de plonger toute la région maghrébine dans une ère d'instabilité et de guerre. Il paraît de plus en plus évident en effet que tel est l'objectif de Paris qui veut pousser le Front Polisario à la reprise des hostilités. Pourquoi ? Il est aujourd'hui consacré, et les exemples ne manquent pas, que le recours aux armes sera perçu en cette période de guerre en Afghanistan, en Irak et de menace de prolifération des armes nucléaires comme un acte de «terrorisme». Le but de Rabat et de Paris serait alors d'obtenir des puissances occidentales de classer le Front Polisario dans la liste des organisations terroristes, comme cela a été fait pour les FARC colombiennes, le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais. Voilà le scénario sur lequel travaillent actuellement les services de renseignements français, omniprésents dans le Sahel, région située dans le prolongement du Sahara Occidental où la présence de l'organisation terroriste Al Qaeda offre à la France l'occasion d'y consolider sa présence. Conscient du degré d'engagement de la France dans la mise en place d'un scénario d'impasse au Sahara Occidental, le président sahraoui a-t-il, aujourd'hui, d'autre choix que de rappeler à la communauté internationale qu'un pays membre permanent du Conseil de Sécurité ne travaille pas pour la paix, comme c'est sa mission originale, pour le maintien du cessez-le-feu et le retour à la stabilité au Maghreb ? Dans ces conditions, jamais le cessez-le-feu au Sahara Occidental n'aura été aussi provisoire !