Perpétuer et faire connaître ce savoir-faire ancestral transmis de mère en fille grâce à des mains exclusivement féminines, tel est l'objectif de cette première édition du festival de la création féminine qui se tient du 12 au 18 mai au Bastion 23. Selon Hamida Agsous, commissaire du festival, «la création féminine en Algérie concerne absolument tous les domaines d'expression artistique». Initié depuis février 2009, ce festival, qui est inclus dans les 119 initiés par le ministère de la Culture, vise à montrer les différentes facettes des modes d'expression artistiques. Cette année, la thématique a englobé le tissage, un art transmis à travers les âges depuis la nuit des temps. Il reste un langage qui obéit à des codes et à des règles pour témoigner du vécu de la tisseuse et de la région à travers des motifs floraux, des signes géométriques, des couleurs et des symboles. Chaque contrée du pays a sa spécificité à travers les motifs et le tissage spécifique de la laine et les multiples tons. De visu, c'est une palette diversifiée de tapis tissés de divers horizons et de métiers à tisser qui sont proposés aux visiteurs venus en force au Bastion 23. De Laghouat, Touggourt, Ghardaïa, M'sila, Tizi Ouzou, Timimoun, Tipaza, Alger, les artisanes tisserandes, stylistes et designers, notamment Fatema Zohra Rouighi, Ouardia Sokri et Nassima Boumehdi, ont montré à travers leurs magnifiques tapis leur dextérité et leur talent. Des associations pour la promotion du tissage Les abondantes couleurs vives plaident pour des us et coutumes inhérentes à chaque région. L'art de tisser la laine ou le poil de chèvre ou de chameau remonte à un lointain passé afin de confectionner des objets usuels du quotidien. Dans les vitrines, on retrouve ses instruments de tissage comme la quenouille, le tendeur d'écartement de fil, les cordes traditionnelles et les outils pour la fabrication de cordons. En outre, ces tisserandes ont utilisé pour les teintes des plantes et matières végétales de leurs régions, comme la cochenille, le daphné, la garance et le henné. L'alun sert à resserrer les cordons qui sont exposés dans des récipients. Ces jeunes filles présentes sont pour la plupart regroupées en association dont la présidente leur transmet ce savoir-faire. Il en est ainsi de l'association des droits de l'enfant et de l'adolescent ADEA, qui forme des jeunes filles de Timimoun dont la présidente Fatiha Kadiri œuvre pour la promotion des produits tissés en partenariat avec l'association Trait d'union Alsace. Ce genre de coopération permet de promouvoir le tissage en particulier et l'artisanat en général. Ces tapis de différentes dimensions, de tons bigarrés, offrent une palette plurielle de l'artisanat diversifiée de toutes les wilayas du pays. Cette manifestation valorise le travail des femmes, tout en assurant sa promotion. De tout temps, le tapis a toujours constitué une valeur pécuniaire sûre assurant une rentrée d'argent appréciable pour la famille. Toutefois, dans ce panel varié, il n'y a pas de nouveauté dans les dessins ornementaux et motifs décoratifs. Ce premier festival national de la création féminine focalise sur le tissage qui semble être en fonction «des motifs usités, un thème fédérateur que l'on retrouve aussi dans la poterie et la céramique». Une exposition qui vaut le détour.