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Des leçons à retenir, des retards à rattraper…et des défaillances à combler
Sept ans après le séisme
Publié dans Le Temps d'Algérie le 21 - 05 - 2010

Cette année, l'anniversaire du séisme qui a ébranlé la wilaya de Boumerdès et les communes environnantes,le 21 mai 2003, a coïncidé avec le séisme qui a frappé la localité d'Ilmane, dans la wilaya de M'sila. Ce dernier, d'une magnitude de 5,8 sur l'échelle de Richter, a fait trois morts et plus de mille familles sinistrées.
De l'avis des spécialistes, ce bilan révèle que beaucoup reste à faire en matière de réglementation relative aux constructions afin de minimiser les dégâts à l'avenir. Récemment, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a fait savoir que tous les sinistrés de cette localité seront pris en charge par l'Etat au même titre que ceux de Boumerdès. Est-ce suffisant ? Certainement non.
Le séisme qui a secoué la région de Boumerdès, il y a sept ans, a fait 2278 morts, 10 000 blessés et plus de 15 000 sans-abri dans la wilaya et les communes limitrophes. Les séquelles générées par la catastrophe étaient très importantes. Les dégâts matériels aussi.
Près de 80% du parc immobilier de la wilaya a été endommagé. Le séisme a dévasté également 890 édifices publics, 40 établissements scolaires, 8 mosquées et une partie de l'hôpital de Thénia. Aucun secteur n'a été épargné.
370 écoles de différents paliers, 70 blocs universitaires, des CFPA, des polycliniques, des ouvrages hydrauliques, plus de 150 mosquées, des conduites de gaz, des routes, des ouvrages d'art… ont été sérieusement touchées. Les pouvoirs publics ont déclaré la wilaya zone sinistrée pour gérer les conséquences de l'après-catastrophe.
D'énormes moyens ont été mobilisés pour prendre en charge les familles sinistrées et reconstruire ce qui devait l'être et tourner la page afin de redonner espoir aux habitants endeuillés par la forte secousse. Sept ans après, peut on parler de l'après-séisme et dire que la page a effectivement été tournée ?
A-t-on tiré les leçons et les enseignements qui s'imposent pour se mettre à l'abri de ce genre de catastrophes à l'avenir ? Où en est-on de l'opération du relogement des sinistrés ? Retour sur un «événement» pas comme les autres.
Lenteurs dans la réalisation
Au lendemain de la catastrophe, l'Etat algérien a dégagé des sommes colossales pour répondre aux besoins les plus urgents et épargner aux familles ayant perdu leur toit ou des proches de passer l'hiver sous les tentes. Pour cela, une course contre la montre a été engagée pour la reconstruction de 15 000 chalets à travers
28 communes de la wilaya.
L'Etat a mis en place également des décrets permettant aux familles sinistrées de choisir la formule d'aide qui leur convient pour changer de statut. Parallèlement à cela, le gouvernement a inscrit à l'actif de la wilaya un programme de 8000 unités immobilières pour le recasement des sinistrés ayant opté pour le relogement dans le cadre collectif et conformément au décret exécutif 03/314 du 16 septembre 2003.
Cependant, des dizaines de familles ayant opté pour cette formule d'aide ne sont pas encore relogées à cause des retards enregistrés dans l'achèvement des programmes qui leur sont destinés. Certaines sources notent que plus 600 logements inscrits au titre dudit programme ne sont pas encore réceptionnés.
Le plus grand retard a été enregistré dans les projets implantés dans les communes de Baghlia (200), des Issers (144), de cap Djinet (100), de Khemis El Khechna (140) et de Dellys (36).
Dans la première commune, le projet n'est pas encore entamé pour des raisons que tout le monde ignore. Certains responsables expliquent ces lenteurs par la défaillance des entreprises réquisitionnées par l'Etat au lendemain du séisme pour la réalisation de ce gigantesque programme, d'une part, et les difficultés d'accès aux assiettes foncières, d'autre part.
La quasi-totalité des familles ayant postulé pour cette formule d'aide ont été relogées en dehors de leur commune de résidence. Le reste, dont on ignore encore le nombre, sont celles ayant préféré rester dans leur commune d'origine, comme ce fut le cas pour certaines habitant les communes des Issers, de cap Djinet, de Dellys…
Dans cette dernière commune, plus de 304 familles ont exprimé leur colère récemment contre les retards mis par les responsables concernés pour leur remettre les clefs des logements qu'ils attendent avec impatience depuis plusieurs années.
«Nos logements sont achevés depuis plusieurs mois, mais nous ne comprenons pas qu'est-ce qu'on attend pour nous remettre les clefs ?», se demande un d'entre eux qui habite les chalets de la nouvelle ville.
Les autorités entre indifférence et impuissance
Plusieurs familles sinistrées ayant postulé pour la même aide avaient refusé les logements qui leur ont été attribués sous prétexte qu'ils ne répondent pas à leurs besoins.
Dans la commune de Naciria, pas moins de huit familles occupent toujours des chalets malgré les mises en demeure qui leur ont été adressées par les services de la daïra les sommant de les libérer. Les habitants soulignent que «l'opération de distribution a été entachée d'irrégularités», ajoutant que «la commission de daïra n'a pas pris en compte les spécificités de leurs familles».
Ce problème a été signalé également dans la commune de Sidi Daoud, où une dizaine de logements parmi les 100 qui y sont implantés ne sont pas encore habités pour les mêmes raisons.
L'autre problème auquel ont fait face les responsables chargés de gérer le dossier du séisme dans la wilaya, est celui inhérent aux aides à la reconstruction individuelle. Nos sources précisent que plus de 200 citoyens sur un total de 2220 postulants à ce type d'aide attribuée conformément au décret exécutif n°03/314 du 16 septembre 2003 n'ont pas encore achevé leur projet.
Ceux qui ont réussi à le faire n'ont pas encore libéré les chalets qui leurs ont été livrés après le séisme sans qu'aucune autorité ne vienne les inquiéter.
Il est utile de signaler par ailleurs que plusieurs centaines de sinistrés dont les habitations ont été classées orange 4 occupent toujours les chalets dont ils avaient bénéficié à titre provisoire après la catastrophe, cela malgré la réhabilitation de leurs logements. Leur nombre dépasse les 250 dans la daïra de Bordj Menaïel et 200 à Boudouaou…
Plus de 800 familles sinistrées dans les chalets
La situation des 800 familles ayant postulé pour l'aide à la reconstruction dans le cadre collectif conformément au décret exécutif n°03/314 du 16 septembre 2003 n'a pas encore eu d'épilogue. Et pour cause, cette catégorie de sinistrés habite toujours dans des chalets dépourvus du moindre confort.
Leurs projets confiés à des promoteurs désignés par la wilaya accusent des retards considérables à cause des problèmes de financement. Parmi ces projets, l'ont peut citer ceux des 140 logements des cités 11 Décembre et
520 Logements dans la commune de Boumerdès.
Le montage financier comprend une aide de l'Etat, estimée à 99 millions de centimes, et un crédit bancaire à taux bonifié ainsi que l'apport des bénéficiaires. Mais l'on aura remarqué que la moitié des postulants à cette formule n'ont pas payé l'apport exigé par le promoteur.
Il est à préciser par ailleurs que le prix des logements a été réévalué à maintes reprises sans qu'aucune raison valable ne soit avancée.
Face à cette situation, les sinistrées, qui se disent las de vivre dans les chalets, sont sortis crier leur désarroi dans la rue à maintes reprises.
Ce qui a fait réagir les responsables concernés et le ministère de l'Habitat qui a précisé avoir «dégagé plus de 500 millions de dinars pour relancer les travaux dans la cité 520 Logements de Boumerdès» où habitaient les protestataires avant le séisme.
Lors de sa visite de travail dans la wilaya, début du mois en cours, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, a précisé que «l'Etat ne peut pas prendre en charge les sinistrés au cas par cas». «Le statut de sinistré n'est pas un statut éternel et il doit disparaître dès la prise en charge du concerné. Le dossier du séisme est clos.
Et maintenant, il reste quelques cas exceptionnels que nous allons essayer d'étudier dans les jours qui suivent. Mais je dois dire au passage que l'Etat ne peux pas étudier leurs dossiers au cas par cas», a-t-il expliqué, en soulignant que le chalet n'est pas un visa qui permet à son attributaire de bénéficier d'un logement.
Des logements en attente de distribution
Des centaines de logements réalisés au titre du programme susmentionné tardent à être attribués dans la wilaya de Boumerdès. Ces unités immobilières destinées initialement aux sinistrés sont réparties à travers les communes suivantes : Ouled Moussa (250), Si Mustapha
(90 environ) et Tidjelabine (plus de 150). Certaines sources indiquent que ces reliquats seront attribués dans le cadre social, mais rien d'officiel n'est encore annoncé.
Aujourd'hui, ces logements qui se dégradent de jour en jour suscitent moult interrogations parmi des milliers de citoyens qui continuent de vivre dans des habitations dépourvues du maximum et dans des conditions qui laissent à désirer. Et il suffit de faire un tour au niveau des chalets et des bidonvilles qui parsèment les quatre coins de la wilaya pour s'en rendre compte.


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