Le miracle n'a pas eu lieu au Conseil de sécurité des Nations unies, un instrument dictatorial, aux dires du président Ahmadinejad. La patience des Occidentaux a fini par payer. La République islamique d'Iran écope de lourdes sanctions que la Fédération de Russie a l'intention d'appliquer à la lettre. Dès lors, peut-on parler de l'échec de la diplomatie turque, co-signataire de l'accord de Téhéran et initiatrice pour l'occasion de la tentative de briser le blocus contre Ghaza ? Il faut de même préciser que l'imposition d'un quatrième train de sanctions n'est pas une fin en soi mais la traduction du vœu de Washington à voir les mollahs revenir à la table des négociations de l'AIEA. Mais ce n'est pas chose acquise, le président iranien avait menacé, avant même le vote de ces sanctions, que si son pays est condamné il n'y aura plus aucune place aux pourparlers. De toute manière, le régime de Téhéran croit que les peines infligées n'auront aucun effet. La République islamique d'Iran a autant d'alliés que de frontières pour ne pas jeter ses ambitions à la mer. Quant à l'appel du président Barack Obama à aider les Iraniens qui veulent se battre pour la liberté, clin d'œil au camp des réformistes, le pouvoir en place à Téhéran devrait gérer toute crise à venir par le gourdin puis par la barre réservée par la justice iranienne aux partisans de Moussavi. Programmée, cette attitude agressive dissuadera-t-elle le champions du déséquilibre démocratique à mettre leur grain de sel, en attendant de voir l'effet engendré par la nouvelle batterie de privations ? La Chine populaire, qui accueille en ce moment même le maître contesté de Téhéran, a déjà prévenu que son vote en défaveur de l'Iran n'entamera pas les relations profondes que les deux nations entretiennent au plus haut niveau. Idem pour la Russie qui, malgré le gel d'un contrat portant sur la vente de missiles à l'Iran, va devoir ne serait-ce livrer la centrale nucléaire de Bouchehr. Promesse faite par Vladimir Poutine qui, fort de l'alignement de la Russie aux côtés des anti-mollahs, va pouvoir négocier l'achat de Mistral français sans que les membres réticents de l'Otan ne trouvent à redire. Face au pragmatisme de ses principaux alliés, l'Iran se retournera-t-il de façon franche vers ses nouveaux soutiens dont la Turquie d'Erdogan ? Bien que celle-ci est accusée de ne défendre que ses propres intérêts stratégiques, s'attitrer le statut de leadership dans le monde musulman, l'actuel pouvoir iranien aurait bon en renforçant son alliance avec le gouvernement d'Ankara. Du moins jusqu'à ce que les critiques américaines cessent au sujet du désastre provoqué par la non intégration de la Turquie dans l'Union européenne. A Washington, on croit dur comme fer que si ce membre de l'Otan avait été admis à Bruxelles, les relations turco-israéliennes ne seraient pas où elles le sont actuellement. Soit, tout au fond des eaux troubles du Bosphore. Européenne, la Turquie aurait même milité pour que l'Union pour la Méditerranée connaisse un meilleur sort que celui d'aujourd'hui. En échouant à empêcher l'isolement de l'Iran, le gouvernement d'Erdogan a-t-il réussi au moins à enclencher un processus de lever du blocus contre Ghaza ? Partiellement. Pourvu que la communauté internationale soit aussi soudée à briser l'isolement de Ghaza qu'elle l'a été quand il fallait l'imposer à l'Iran.