En 2009, sur un total de plus de 9 millions d'emplois, 3 à 4 millions sont informels, a indiqué au Temps d'Algérie ce jeudi à Alger Nacereddine Hammouda, économiste et directeur de recherche au Centre de recherche en économie appliquée au développement (Cread). «L'emploi informel est celui qui n'est pas déclaré au niveau de la sécurité sociale», selon la définition de M. Hammouda. «Il s'agit de l'emploi non agricole et non déclaré car généralement, l'emploi dans le secteur agricole a un traitement à part», a-t-il expliqué en marge de la conférence sur la question, organisée jeudi par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care). L'emploi informel peut être évalué grâce à des enquêtes annuelles auprès des ménages en Algérie menées par le Cread pour déterminer un indicateur. Selon cet économiste, «l'évolution de cet indicateur depuis quelques années, de 1990 à ce jour, a permis d'aboutir à des résultats». Hors agriculture, entre 40 à 50% des emplois ne sont pas déclarés en Algérie, a-t-il noté. Cette non- déclaration concerne, selon la même source, plus les auto-emplois, l'emploi temporaire (non permanent) mais aussi les emplois permanents dans le secteur privé. Comme ce dernier est le principal créateur d'emploi la part de cet emploi non déclaré est de plus en plus importante. Par secteur d'activité, le BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique) et le commerce sont les secteurs qui enregistrent les plus forts taux d'informalisation, a-t-il précisé. M. Hammouda relèvera qu'«il y avait des formes d'exclusion sociale qui constituaient le vivier du secteur informel qui lui-même est dû à un certain nombre de dysfonctionnements économiques en termes de rigidité du secteur productif en Algérie, de la déconnexion du système des prix internationaux, des niveaux de rémunération du travail, un contexte institutionnel qui ne s'est pas adapté à cette nouvelle donne, soit la nouvelle configuration du système productif et le poids du secteur privé qui prend de plus en plus d'importance en particulier de la très petite entreprise (TPE) et la micro entreprise». La nécessité d'un débat social Selon lui, un débat social qui impliquerait l'ensemble des intervenants, les opérateurs économiques et industriels, les syndicats, les associations économiques, les impôts, les différentes caisses de sécurité sociale, les économistes et les chercheurs devrait être mené pour se concerter sur la situation actuelle de l'emploi et sur ce secteur informel. A son sens, «on n'a pas encore atteint un optimal social» en Algérie, le secteur informel prend de plus en plus de l'ampleur, il y a fuite devant l'impôt social (cotisations) qui risque de mettre à mal la pérennité du système de protection sociale tel qu'il a été configuré au jour d'aujourd'hui». Enfin, pour lui, «la clé pour réduire cet emploi informel réside dans le lien entre augmentation des salaires dans le secteur formel à la productivité» et «au lieu de distribuer la rente dans les dépenses publiques, il faudra distribuer la richesse, soit la croissance économique, qui vient d'enregistrer 5 points de plus, qui devra être discuter en tripartite».