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Des indicateurs macroéconomiques au “vert” avec des indicateurs sociaux au “rouge”. Etude de Mohamed SaIb Musette, chercheur au Cread, “Algérie : migration, travail et développement”
Les indicateurs macroéconomiques sont plutôt au “vert” avec des indicateurs sociaux plutôt au “rouge”. C'est ce que relève M. Mohamed Saïb Musette, maître de recherche au centre de recherche en économie appliquée pour le développement, dans un article “Algérie : migration, travail et développement”, précisant que la tendance à la baisse du taux global moyen de chômage n'est pas proprement liée à la croissance, plutôt tirée par des facteurs exogènes, que par la création de la richesse par le système productif. Le marché du travail a connu un bond quantitatif spectaculaire, avec un recul du taux de chômage qui passe de 26,4% en 1997 à 11,3% en 2008, selon les données des enquêtes emploi de l'ONS. L'économie algérienne aurait généré ainsi entre 1997 et 2007 un complément de près de 3 millions nouveaux emplois. Cette performance n'est pas linéaire : de 1997 à 2002, on a enregistré un gain net de près de un million d'occupés, soit une moyenne annuelle de 163 000 emplois. “Selon ces données, la performance de l'économie algérienne en matière de création d'emplois aurait ainsi permis une baisse globale du taux de chômage de 23,7% à 13,8% en l'espace de 5 ans, une prouesse qui mérite une explication, car un tel résultat est assez inhabituel dans le monde du travail”, indique M. Musette. Le chercheur note le faible accroissement des secteurs productifs représentés par l'industrie, le BTP et l'agriculture. Ainsi, l'évolution de l'emploi se caractérise par la diminution régulière de la part de l'emploi agricole qui passe de 21,1% en 2003 à 16,1% en 2007. L'emploi dans le secteur tertiaire représente 59,3% dont 36,5% dans les services et le commerce et 22,9% dans l'administration. La part de l'emploi dans l'industrie, déjà faible en 2003, continue à baisser et ne représente que 10,6% de l'emploi en 2007. “Cette baisse de l'activité industrielle conjuguée avec la forte hausse du secteur tertiaire est assez significative d'une déconnexion entre ces deux branches”, relève M. Musette. L'emploi salarié non permanent (y compris les apprentis et les formes particulières d'emploi) enregistre le score le plus important avec 61% en 2007. “Les employeurs et indépendants” enregistrent un gain de 34% par rapport à leur effectif en 2003. Le salarié permanent ne gagne que 4% de plus sur ces cinq dernières années. Enfin, la catégorie des “aides familiales” est maintenue à moins de 10%. Evoquant le travail informel, M. Musette indique que “le niveau d'informalité est resté plus ou stable ces dernière années, avec un taux moyen global qui varie entre 42% et 45% des occupés qui ne cotisent pas à la Sécurité sociale, de 2004 à 2007, après avoir connu une progression de plus de 10 points entre 1992 et 2004”. Les données attestent une très grande désaffection des travailleurs du BTP vis-à-vis de la Sécurité sociale. Ce secteur présente pourtant des dangers réels d'accidents et/ou de maladies professionnelles, et la tendance se maintient avec un taux stable sur toute la période observée, avec 80% des travailleurs/employeurs dépourvus de couverture sociale. En deuxième position, c'est le secteur industriel qui accuse un taux oscillant autour de 50% d'absence de couverture sociale, aussi bien pour les travailleurs que pour les employeurs. Toutefois, ces deux secteurs (industrie et BTP) cumulent autour de 40% des occupés. Enfin, dans le secteur des commerces et des services, la part d'affiliation est assez faible, autour de 30% des employés et des commerçants échappent à la Sécurité sociale.