Le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale organise aujourd'hui une cérémonie de commémoration de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants sous le thème «Droit au but : éliminons le travail des enfants». Banni par la législation algérienne, ce phénomène est pourtant bien présent dans notre pays. Même si les pouvoirs publics ont toujours minimisé son ampleur, en témoigne la récente déclaration de Mme Nouara Djaâfar, qui a affirmé que le phénomène est quasi-inexistant en Algérie, précisant que les dernières statistiques et enquêtes réalisées par l'Inspection du travail ont démontré que le taux des enfants qui travaillent ne dépasse pas 1%, le travail des enfants est un «secret de Polichinelle», selon la Fondation nationale pour la promotion de la santé et la recherche (Forem) qui contredit frontalement les assurances des pouvoirs publics. S'appuyant sur une étude effectuée par sa fondation ainsi que des chiffres fournis par la centrale syndicale, Mostefa Khiati avait annoncé un chiffre effarant de 1,5 million d'enfants travaillant au noir dont 300 000 dans le seul secteur du commerce. Ainsi, par cette commémoration, dont le thème à lui seul indique la voie à suivre, l'Etat veut mettre enfin le holà à ce phénomène, qui, faut-il le souligner, prend des proportions de plus en plus alarmantes de l'avis même des communs des Algériens. Selon toujours la Forem, pas moins de 53% de ces enfants, qui travaillent dans le marché parallèle, le font «par pauvreté», c'est-à-dire pour aider leurs familles. Près de 60% de ces enfants, selon la même étude, ont quitté les bancs de l'école dès le cycle primaire. Le travail des enfants, que le ministère veut aujourd'hui éliminer, est une forme d'exploitation qui ne dit pas son nom. L'Algérie a pourtant ratifié toutes les conventions internationales relatives à la protection de l'enfance, notamment celle relative à l'âge minimum au travail et celle relative aux droits de l'enfant, en plus de l'arsenal juridique local entrant dans le même cadre, comme la loi 90/11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail dont l'article 15 dispose que l'âge minimum requis pour un recrutement ne peut en aucun cas être inférieur à 16 ans. Si par le passé la loi n'a peut-être pas été appliquée, il est grand temps aujourd'hui de mettre un terme à une forme d'esclavagisme des temps modernes.