«C'est ainsi qu'on aime notre équipe nationale. Dès le départ, on savait que nos joueurs pouvaient créer la surprise, et ils l'ont fait, merci les Verts.» C'est en ces termes que âmi Boualem a exprimé sa joie lors du coup de sifflet final de la rencontre d'hier qui a opposé notre équipe nationale à l'armada anglaise. Sur l'esplanade de Riad El Feth, une foule nombreuse a occupé les lieux, toute en vert, blanc, rouge. Des groupes de musiciens, à l'image de Torino, cheb Kadirou ou encore Hassiba Amrouche, étaient présents pour faire de l'ambiance. Ils ont offert un spectacle hors du commun vu l'engouement du public qui s'est défoulé tout au long de l'après-midi, en attendant le match. 19h30, l'entrée des joueurs sur le terrain, et c'est l'euphorie, petits, grands, hommes, femmes, tous se sont levés pour applaudir les poulains de Saâdane comme dans un stade. Des cris, des slogans, des chansons et autres youyous ont égayé l'atmosphère déjà chaude. Soudain, un silence religieux s'installe : l'hymne national, tous les supporters debout et silencieux, chantent en chœur Kassamen. Le début du match a été suivi avec une certaine crainte. «Nous avons peur de perdre par un score lourd», nous dit Abdesslam, avant que son ami lui emboîte le pas : «Mais non, nous allons gagner par un but à zéro, nous en sommes capables, kho.» Le jeune Toufik, irrité par le pessimisme de son ami, commence à chanter «One, two, three, viva l'Algérie» et toute la foule le suit et rebelote pour un petit moment de jubilation avant l'heure. Les habitants de la commune d'El Madania ont quasiment abandonné leurs domiciles. Keltoum nous confie : «Aujourd'hui, on ne dînera pas, l'heure est au Mondial.» Sa sœur, qui est venue spécialement de Kouba pour suivre le match sur l'esplanade, renchérit : «Quand on gagne, on n'a plus besoin de se nourrir, notre nourriture est la joie et la fierté de notre équipe.» Derrière les barreaux entourant l'écran géant, Djamel, policier en service, est hyper stressé : «Je n'arrive pas à me retenir, nous allons affronter une équipe très forte, mais, nous les Algériens, nous sommes un peuple de défis, il faut y croire.» A la fin de la première période, Fatma-Zohra, qui a eu une légère baisse de tension, nous a livré ses impressions : «Je n'en peux plus, je suis angoissé, je ne préfère pas continuer à voir la seconde période, c'est trop fort.» Non loin de la, le petit Oussama est accompagné par sa grand-mère. Le chouchou de la maison a tout fait pour suivre le match sur l'esplanade et partager la joie de ses frères et sœurs : «Je suis seul à la maison, mais tous ces enfants sont mes frères et mes sœurs, nous sommes unis par le vert, blanc et rouge.» La seconde période du match a tenu en haleine tous les supporters et certains suivaient même les faits et gestes de nos joueurs avec leur corps. La tension a atteint ses limites. Le coup de sifflet final a été une véritable délivrance pour les supporters qui ont tenu à danser toute la nuit sur les rythmes de «One, two, three, viva l'Algérie».