Les six représentants africains en Coupe du monde suscitent non seulement la ferveur de leurs supporters nationaux, mais également celle du public sud-africain qui se retrouve derrière ses «frères» pour espérer un exploit d'une équipe africaine au Mondial. «Cette Coupe du monde, honnêtement, nous a unis, nous les Africains», se réjouit le supporter ghanéen Newman Odartia Mills, dont l'équipe peut atteindre les huitièmes de finale avec un simple match nul contre l'Allemagne, le 23 juin. «Ce sont nos frères, s'ils gagnent, leur victoire est notre victoire. S'ils marquent un but, c'est le continent tout entier qui marque», renchérit Sadaam Maake, supporter inconditionnel de l'équipe sud-africaine des Bafana Bafana. «Je suis toujours derrière notre équipe nationale mais cela ne m'empêche pas de me réjouir pour le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Nigeria», justifie-t-il après les piètres résultats de son équipe, un nul contre le Mexique (1-1) et une défaite contre l'Uruguay (0-3). Les Sud-Africains veulent croire en une victoire contre la France mardi et «quitter la compétition la tête haute», comme l'a souligné l'entraîneur des Bafana, Carlos Alberto Parreira. Mais ils comptent beaucoup plus sur le Ghana, donné favori, et la Côte d'Ivoire - qui jouait dimanche soir contre le Brésil - pour poursuivre l'aventure de la Coupe du monde, après l'élimination du Cameroun. L'Algérie, autre représentant africain, est également toujours en course pour la qualification aux 8e. «Déjà gagné» La télévision nationale SABC a même fait publier une page de publicité dimanche dans un journal sud-africain sur «la fierté africaine contre le talent brésilien» en référence au match Côte d'Ivoire-Brésil dimanche soir au stade de Soccer City à Johannesburg. Quant au Ghana, qui était samedi soir la seule équipe du continent à avoir remporté un match depuis le début du Mondial, le Sunday Independent titrait tout simplement un de ses articles : «Ghana : le dernier espoir africain ?», après le nul samedi contre l'Australie. Dans les rues de Johannesburg, drapeaux et maillots des Bafana Bafana sont progressivement remplacés par ceux des cinq autres équipes africaines qui se vendent maintenant comme des petits pains. Pour preuve de ce succès grandissant, la compagnie aérienne South African Airways (SAA) a dû augmenter son nombre de liaisons avec Accra depuis que l'équipe ghanéenne a battu la Serbie le week-end dernier 1-0. Mais pour le président sud-africain Jacob Zuma, l'Afrique a déjà remporté la Coupe du monde, avant même la finale du 11 juillet. «Le succès de la Coupe du Monde est notre succès», a-t-il assuré. «En tant que pays et continent, nous avons déjà gagné (car) la Coupe du monde se joue en terre africaine.» Les coaches africains unanimes : «Terminer dans la dignité» En tout état de cause, les bilans sont identiques dans les bouches des coaches africains. Pour eux, «toutes les rencontres montrent qu'on avait des raisons d'avoir des espoirs, seulement on manque d'efficacité et on n'a pas su concrétiser nos bonnes intentions. Ce qui fait la différence, c'est l'efficacité devant les buts. On aura encore sans doute des occasions pour les autres matches, nous devrions terminer dans la dignité, dommage pour l'Afrique du Sud et le Cameroun.»