Depuis hier matin, le complexe sidérurgique ArcelorMittal d'El Hadjar est paralysé par un mouvement de grève générale. Le mouvement de grève est également suivi par l'ensemble des salariés de cette entreprise dépendant des antennes commerciales d'ArcelorMittal implantées au niveau du territoire national et par ceux de l'unité du port autonome d'Annaba. Les quelque 6200 travailleurs du géant mondial de l'acier en Algérie ont décidé de débrayer à l'appel du syndicat d'entreprise, suite à l'échec des négociations salariales contenues dans la plateforme sociale introduite auprès de la direction. Cette dernière, qui n'avait cessé depuis des semaines de dire son incapacité à répondre favorablement, du moins dans l'immédiat, à la demande pressante des travailleurs n'a pu empêcher ceux-ci d'aller au bout de leur projet d'arrêt de travail et s'est résolue à en recourir à la justice, hier. Deux plaintes en référé, l'une pour demander au tribunal d'El Hadjar d'ordonner la suspension de la grève et la seconde pour l'illégalité de ce mouvement, ont été déposées auprès de l'instance judiciaire citée. Le secrétaire général du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal Annaba et deux de ses plus proches collaborateurs ont d'ailleurs été convoqués hier après-midi devant le juge, apprenons-nous. Cette action que le syndicat annonce comme illimitée jusqu'à satisfaction totale des revendications des travailleurs telles que proposées, contrarie les dirigeants du complexe qui ont clairement dit leur inquiétude quant aux conséquences que pourrait avoir un autre arrêt de travail sur le haut-fourneau, déjà mis à rude épreuve lors du mouvement de grève de janvier, qui avait duré 9 jours, rappelons-le. Ceci en avertissant sur les incidences de ce conflit sur les relations commerciales que l'entreprise entretient avec ses clients étrangers et nationaux. Première conséquence de la grève d'hier, le blocage au niveau du port autonome de Annaba qui n'a pu prendre en charge une cargaison de 4000 tonnes de fonte en gueuses à destination de l'Espagne et l'immobilisation des trains de marchandises affrétés pour le transport de minerais de fer depuis les sites miniers de l'Ouenza et Boukhadra, alors que tous les camions étaient empêchés de pénétrer le site sidérurgique durant toute cette journée de grève. Les travailleurs qui ont assisté à une assemblée générale animée par Smain Kouadria aux côtés du représentant de la centrale syndicale UGTA et député RND Hemarnia, ont été informés du soutien des travailleurs du complexe Snvi de Rouïba et de nombreuses autres entreprises lesquels les assuraient de leurs encouragements à mener leur lutte. Par Mouna Skander
Le tribunal d'El Hadjar ordonne l'arrêt de la grève
Le tribunal d'El Hadjar s'est prononcé hier en fin de journée sur une des plaintes en référé déposées par la direction d'ArcelorMittal concernant la suspension de la grève lancée par les métallos. Le tribunal ordonne l'arrêt de la grève. Contacté, Smaïl Kouadria, représentant des travailleurs d'ArcelorMittal, se dit «très déçu» et estime que le «tribunal a donné un jugement hâtif, sans pour autant prendre le temps de juger le fond du dossier».
Kouadria souligne que le mouvement de grève se poursuivra aujourd'hui et une assemblée générale sera organisée à 10 h pour informer les travailleurs du jugement du tribunal et recueillir leur avis sur la poursuite ou non du débrayage.