Les travailleurs du complexe sidérurgique et des autres unités externes d'ArcelorMittal Annaba se sont mis en grève, hier, pour une durée illimitée. Ils protestent contre la fin des négociations autour de la plate-forme des revendications salariales. Le mouvement étant largement suivi par les 6 200 salariés, la production est totalement paralysée, de même que les points de vente d'ArcelorMittal implantés à travers tout le pays. Les opérations d'exportations de produits du complexe vers l'étranger étaient compromises hier ; l'unité ArcelorMittal du port autonome d'Annaba étant, elle aussi, à l'arrêt. Un navire, qui devait transporter quelque 4 000 tonnes de fonte en gueuses destinées à un client du complexe en Espagne, est resté immobilisé à quai. Devant l'ampleur du mouvement de grève, la direction du complexe sidérurgique a réagi, dès les premières heures de la matinée, en déposant deux plaintes en référé contre le syndicat, l'une pour l'intimer à suspendre la grève, et la seconde pour arrêt illégal de travail auprès du tribunal d'El-Hadjar, territorialement compétent. Avant de se présenter devant la justice en compagnie de son avocat, Me Rachad Mouloud, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, dénonçait encore, les propositions de la direction, qui refuserait de s'aligner sur les dispositions de l'accord de la tripartite, notamment en matière d'augmentation de salaires et de reporter les discussions à la fin de l'année 2010. “Lors des négociations que nous avons menées avec elle, depuis maintenant une année, la direction a refusé de discuter de nos propositions, se bornant à apporter des améliorations superficielles sur les siennes. C'est pourquoi nous avons appelé à une grève générale et illimitée lundi afin d'obliger la direction à faire des propositions en rapport avec notre plate-forme”, a déclaré, hier, le représentant du syndicat d'entreprise, avant de se présenter devant la justice en compagnie de son avocat. Les représentants des travailleurs dénoncent également le flou entretenu sur le processus d'investissement de l'entreprise à El-Hadjar et tout particulièrement la concrétisation du projet de réhabilitation de l'unité Cokerie et des installations vitales du complexe. Or, la direction générale d'ArcelorMittal affirme, de son côté, qu'elle a au contraire tout fait pour favoriser la concertation avec le syndicat. Son premier responsable en Algérie, Vincent le Gouic, ne cache pas sa déception devant cette prise de position du syndicat qu'il juge excessive. Vincent le Gouic invite les syndicalistes à se conformer à l'esprit de la tripartite avant de se montrer aussi exigeant, car, ajoutera-t-il, chaque entité économique a ses réalités propres qu'on ne peut occulter. “Nous appelons malgré tout encore à la négociation et nous avons dit et répété au syndicat qu'il est possible de répondre favorablement à leur demande d'augmentations, mais pas avant que le conseil d'administration du groupe ArcelorMittal ait publié les résultats d'exercice de l'année 2009, l'assemblée générale des actionnaires est d'ailleurs prévue pour le 23 juin”, indiquera encore le directeur général de l'entreprise.