Les professionnels de la production de la tomate fraîche et industrielle réunis jeudi au siège du ministère de l'Agriculture et du Développement rural ont relevé l'importance de la création d'un comité interprofessionnel pour développer cette filière. Une commission a été installée à l'effet d'élire les membres de ce comité. A l'initiative du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, une réunion interprofessionnelle de la filière tomate s'est tenue jeudi au siège du ministère regroupant, entre autres, les producteurs de tomate, pépiniéristes, transformateurs, chambres d'agriculture, représentants des ministères concernés et instituts techniques, et ce, en présence du ministre Rachid Benaïssa et de directeurs centraux. L'ordre du jour a porté sur l'organisation de la filière, en s'inspirant de l'expérience réussie des branches pomme de terre, céréales et lait. Un document produit par le ministère a souligné que la superficie cultivée en 2009 en tomate s'élevait à 32 000 hectares, dont 20 000 hectares réservés à la tomate fraîche, 12 000 hectares à la tomate industrielle. La production enregistrée en 2009 s'élevait à 450 000 tonnes de tomate fraîche et 380 000 tonnes de tomates industrielles. La production est réalisée principalement dans les wilayas de Mostaganem, Tipaza, Alger, Biskra, Oum El Bouaghi, Tlemcen et Boumerdès. Quant à la production de tomate industrielle, elle est produite dans 17 wilayas, dont on peut citer Skikda, Annaba, El Tarf, Guelma, Jijel. La capacité de transformation est de 10 760 tonnes par jour. Environ 100 000 personnes travaillent dans cette filière. Malgré les capacités existantes, les importations de concentré de tomate demeurent toutefois très importantes. Cela est imputable, selon le ministre de l'Agriculture, à «la déstructuration de la filière de la tomate». «Pour que tous ses maillons fonctionnent dans une synergie et dans une logique de durabilité, il faudrait créer un espace interprofessionnel où les opérateurs se concertent et trouvent des compromis», a tenu à souligner dans son intervention le docteur Benaïssa, lors de l'ouverture des travaux de cette rencontre. La tâche s'annonce colossale, car il faudrait concilier entre les intérêts d'opérateurs privés, tient à relever encore le ministre, en invitant les participants à élire des représentants de chaque secteur et de toutes les wilayas du pays. Aux yeux du premier responsable du secteur de l'agriculture, la création de ce comité interprofessionnel s'impose aujourd'hui afin de moderniser cette filière avec l'apport des concernés. Le but étant celui d'assurer une offre plus importante de tomates maraîchères, en multipliant les projets de culture sous serre et en maîtrisant les nouvelles techniques de production. Parmi les autres objectifs, l'accroissement de la production de la tomate industrielle afin de réduire le niveau des importations et à terme la satisfaction de la totalité des besoins en concentré de tomate. Serres multichapelles, repiqueuses et maladies : les engagements de Benaïssa Lors des débats, les acteurs de la filière ont eu à faire part de leurs difficultés sur le terrain. Parmi eux les fellahs des régions de l'est du pays, entre autres, Biskra, El Tarf et Annaba. Ils ont soulevé la cherté des plants, entre 3 et 5 dinars l'unité et la disponibilité de l'eau des barrages. Les maladies de tuta absoluta, de la mineuse, et bien d'autres, risquent aussi de compromettre les cultures maraîchères, alertent-ils. Sur place, le docteur Benaïssa instruit les responsables du département à prendre les dispositions nécessaires. Un exploitant de la wilaya de Boumerdès a évoqué, pour sa part, le problème de l'inexistence d'un agrément pour les pépiniéristes, alors qu'il a été délivré aux vendeurs des plants. Réagissant à cette requête, un représentant du ministère a précisé qu'un agrément peut être fourni aux producteurs de plants, en donnant le chiffre de 400 agréments délivrés à ce jour à travers le pays. Sur ce, le ministre a ordonné une opération de contrôle et de vérification, car «les maladies proviennent souvent des plants», a-t-il affirmé. D'autres intervenants ont fait part également des difficultés d'écoulement de la production, notamment les fellahs de Adrar, et du manque de moyens industriels, tels que les repiqueuses et les récolteuses. Face à ces préoccupations, le ministre de l'Agriculture s'est dit prêt à aider à la constitution de coopératives afin d'acquérir le matériel demandé à travers la formule de leasing. L'autre engagement du ministre est celui du soutien de l'Etat à la réalisation des serres, notamment les serres dites multichapelles. Les pouvoirs publics ont décidé de subventionner ce type d'installation à hauteur de 40%, a rappelé le docteur Benaïssa. Grâce à cette technique, les rendements ont été améliorés passant de 300 à 1200 quintaux à l'hectare dans certaines zones de l'est du pays. Les fellahs et autres professionnels ont tenu à rassurer, quant à eux, que la production de la tomate sera très importante cette année avec en sus la baisse des prix pendant le mois sacré du Ramadhan.