Les algériens passionnés de foot, c'est-à-dire à peu prés tout le monde, se souviennent du fameux but refusé par l'arbitre contre le Rwanda au stade Tchaker alors que le ballon avait franchi la ligne de près d'un mètre. Avec un peu de recul, certains avaient dit que sans cette grossière erreur d'arbitrage – à moins que ce ne soit pas vraiment une erreur – aurait pu nous éviter l'enfer cairote, surtout que ce sont ce jour-là deux buts et pas un seul dont les Verts ont été injustement privés, même si une faute a été plus manifeste que l'autre. D'autres avaient au contraire pensé que les algériens auraient peut-être acquis la qualification au Cairo Stadium même, mais que l'enfer aurait été plus douloureux. Leur logique : si les égyptiens avaient déployé autant de moyens extra sportifs et avaient agressé les algériens avec autant de violence pour remonter deux buts, qu'est-ce qu'ils auraient fait pour en rattraper trois ou quatre ? Dans la foulée d'une élimination en coupe du monde différemment appréciée, le souvenir a été ravivé par un but qui fait polémique. Tout aussi limpide que celui d'Antar Yahia à Blida, le but de l'anglais Frank Lampard contre l'Allemagne a, toutes proportions gardées, suscité chez les supporters british les mêmes commentaires. Pour les plus «chauvins», le but d'égalisation de la sélection anglaise aurait pu donner une autre tournure au match. On joue sûrement dans d'autres conditions psychologiques quand on est à égalité que quand on est mené au score, qu'ils disent. Et pourquoi dans ce cas les anglais étaient-ils si transparents avant que les allemands ne marquent deux buts successifs ? Pour multiplier les questions, comment expliquer que les germaniques avaient joué avec le même allant, la même efficacité et quasiment le même rythme du début à la fin du match, sans se soucier du score ? Pour arranger tout le monde, si ce n'est pour s'arranger lui-même, l'entraîneur italien des anglais Fabio Capello a trouvé la formule intermédiaire, en déclarant que son équipe a été victime d'une injustice, que le but aurait donné un autre match s'il était validé, mais que l'Allemagne méritait largement sa victoire pour avoir mieux joué que l'Angleterre. Du coup, on revient à une nouvelle vieille polémique technique sur l'arbitrage : vidéo, arbitres assistants derrière les buts… Capello est italien et il ne doit pas avoir beaucoup de raisons de se souvenir que l'Angleterre doit son unique consécration en coupe du monde à un but plus litigieux contre…l'Allemagne. Et si on laissait tranquille ce qui reste d'humanité au foot, dont les erreurs d'arbitrage ? Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir