Si certains CHU d'Alger ont connu récemment une réhabilitation, notamment Birtraria et Parnet, d'autres par contre sont restés dans le même état vétuste qu'il y a une vingtaine d'années, tels l'hôpital Mustapha Pacha et celui de Bab El Oued. En attendant leur rénovation qui ne saurait tarder d'après les autorités, ces derniers accueillent leurs patients dans des conditions désastreuses. En effet, lors de notre virée aux CHU d'Alger et de ses environs, nous avons eu la désolation de voir l'état néfaste de certains services, dont on ne parlera jamais assez, tant les lieux demeurent au statu quo depuis quelques années et tant les conditions dans lesquelles se font soignés les malades ne sont guerre prometteuses. Les murs du service de chirurgie générale de l'hôpital de Bab El Oued (ex-Maillot), à titre d'exemple, n'ont pas été repeints depuis une décennie et une odeur de moisi mélangé à celle de l'eau de Javel éclaboussée sur le mur et par terre avec toute la volonté du monde par ces agents d'hygiène, lassées – tout comme les autres employés – de travailler dans un endroit où l'astiquage ne sert plus à rien. Inutile d'évoquer l'état des chambres et les lits qui ne sont pas moins vétustes. Cependant, les malades s'en contentent et s'estiment chanceux de partager leur chambre d'hôpital avec «un seul malade». Et ce pour la seule raison qu'ils savent qu'à l'hôpital de Beni Messous, ils n'auraient jamais eu ce privilège. Car, tenez-vous bien, nous avons eu l'occasion, il y a peu de temps, de voir une dizaine de futures mamans entasser dans une seule chambre au services de gynécologie de Beni Messous, en attendant leur tour pour accoucher. Un tableau pareil nous a laissé sans souffle. Faudrait-il parler, également, du nid à infections, qui sert de service pour tuberculeux à l'hôpital Mustapha Pacha ? De cette bâtisse en ruine qui est censée recevoir ceux qui sont atteint d'une maladie provoquée par le manque de propreté ? Nous vous laissons le soin d'imaginer l'intérieur de ce pseudo-service en évoquant les cafards morts associés à la poussière : le tout balayé et amassé dans chaque coin du couloir qui sert de réception. Les autres services n'en sont pas mieux La situation est encore plus alarmante quand on sait que seulement 16 postes d'hémodialyse dont disposent les malades sont installés dans «un autre nid à infections» qui sert de service d'hémodialyse au même CHU. Un tour dans ce service nous a révélé la triste réalité à laquelle sont confrontés les hémodialysés. Ces derniers se présentent trois fois par semaine pour une séance qui dure quatre heures. Il est déjà dur de supporter une telle épreuve qui aurait été différente dans une institution sanitaire où les règles d'hygiène et celles de la gérance sont respectées. Qu'en disent alors nos malades qui vivent leur maladie dans des conditions lamentables ? Pourtant, le personnel médical n'avait pas l'air de s'en plaindre outre mesure et le seul problème, selon eux, réside dans l'état vétuste des générateurs de dialyse dont dispose le service. Un générateur, tenez-vous bien, qui date d'une dizaine d'année, alors qu'il doit être renouvelé, selon les normes, chaque cinq ans, sept au maximum, sans parler du non-respect de la désinfection des machines divulguée par une «âme consciente». Tout prête à réflexion, quand on sait que pas moins de 4000 nouveaux cas d'insuffisance rénale sont enregistrés annuellement sur le territoire national. Des cas qui souffrent du manque de prise en charge par ces services délabrés, engendré par la méconnaissance des mécanismes complexes inhérents au traitement de l'insuffisance rénale. D'ailleurs, Mustapha Boukheloua, président de la Fédération des insuffisants rénaux l'avait signalé maintes fois, au cours des conférences organisées au profit des hémodialysés, estimant que cette maladie n'est pas toujours reconnue et considérée comme telle en Algérie et évoquant le manque de prévention ainsi que l'insuffisance du personnel médical qui ne font qu'accroître le nombre d'insuffisants rénaux. Ce serait bien que tous les services de cet hôpital soient à l'image du service réservé aux cancéreux Pierre et Marie Curie. Celui-ci a été récemment rénové et le résultat, il faut le signaler, est parfait. Et ce de part le confort, l'hygiène et la modernité. Rénovation de certains CHU : une lueur d'espoir Toutefois et fort heureusement, la réhabilitation de quelques CHU nous procure cet espoir de voir un jour les autres hôpitaux dans un meilleur état. D'autant que la rénovation des CHU de la capitale et de ses environs fait partie de l'un des projets les plus importants du ministère de la Santé, à commencer, à titre d'exemple, par ceux d'Hussein Dey et d'El Biar. En effet, le service de pédiatrie de ce dernier n'a rien a envié aux institutions sanitaires privées, de part la propreté et le cadre agréable qui s'offrent aux enfants malades et à leurs parents. Salle d'attente accueillante aux images chatoyantes peinturlurées sur les murs, sans parler de l'accueil du personnel et de l'organisation qui y règne. Comme quoi, le cadre est plus que primordial pour une bonne ambiance de travail. Idem pour les services de cardiologie et de gynécologie de l'hôpital Parnet, où les conditions sanitaires sont des plus développées. En attendant la généralisation de la modernisation des institutions sanitaires publiques, y compris à l'intérieur du pays et pourquoi pas au Sud, le patient continue d'attendre son tour de visite médicale dans des salles dont la propreté laisse à désirer comme il continuera à être placé dans des chambres qui ne sont pas dignes de ce nom.