Objet de bien des pressions depuis le début du conflit qui oppose le syndicat d'entreprise à la direction générale sur la question de l'augmentation des salaires des travailleurs, Smaïn Kouadria signalait hier que des inconnus ont peint des «bombages» touchant à sa dignité personnelle sur les murs de certains quartiers de la ville d'Annaba. Ces graffitis insultants, dont Kouadria attribue l'œuvre aux barons de la mafia de la ferraille que ses camarades syndicalistes et lui-même ont mis à mal depuis une année, étaient visibles jusqu'à la matinée du vendredi, bien qu'une plainte ait été déposée auprès du commissariat central et de la 2e sûreté urbaine de Annaba. Une négligence que le syndicaliste n'arrive pas à s'expliquer, surtout qu'il affirme avoir déposé une plainte contre X appuyée de photographies des peintures outrageantes à la première heure, jeudi. «Je tiens à rappeler que des graffitis en tout point identiques à ceux-ci ont été peints sur les murs de ma maison familiale en mai 2009 après que le syndicat ait mis au jour les dossiers de corruption et de trafic de ferraille de l'indien GSW et de la société turque de transport et de manutention EFES, deux entreprises sous traitantes avec ArcelorMittal El Hadjar», a indiqué Smain Kouadria. «Je suis étonné que les services de la sécurité publique et ceux de la commune de Annaba n'aient pas réagi alors que les graffitis en question ont été inscrits sur des murs bien visibles au niveau notamment des boulevards les plus fréquentés de la ville, comme celui qui mène aux plages du littoral. Il y a négligence grave», s'offusque le syndicaliste. Et de souligner que les représentants des travailleurs, dont il fait partie, traversent déjà une période bien difficile après l'échec du mouvement de grève qui a été brutalement interrompu la semaine écoulée, «pour y ajouter cette campagne de dénigrement aussi lâche que malvenue». Une démission... par dépit Il faut rappeler que Smain Kouadria en sa qualité de premier responsable du syndicat avait déposé sa démission par dépit suite à la prise de position en faveur de la direction par les instances syndicales et nationales. Un retrait qui a tout de même valu au secrétaire général du syndicat d'entreprise nombre de messages de sympathie au sein du complexe et au niveau national. Un vaste mouvement de soutien, qui s'est exprimé par la signature d'une motion appelant à son retour par tous les représentants des 32 sections syndicales d'ArcelorMittal Algérie ainsi que par la collecte d'une pétition paraphée par l'ensemble des travailleurs. Aux dernières nouvelles ce seraient près de 5400 salariés qui auraient dit leur volonté de voir Smain Kouadria revenir à son poste de secrétaire général du syndicat. Indiquons, par ailleurs, que le procès intenté par la direction générale d'ArcelorMittal Annaba contre le syndicat pour grève illégale et qui était attendu pour mercredi après-midi, devant le tribunal d'El Hadjar a été reporté au14 juillet prochain à la demande de la défense. Un ajournement qui devrait permettre aux syndicalistes d'apporter toutes les preuves justifiant la légalité du mouvement de grève observé par la majeure partie des travailleurs de l'entreprise, expliquait, hier un des deux avocats commis par ceux-ci. Le procès sur la légalité du mouvement de grève du 21 juin reporté au 14 juillet Le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smain Kouadria, qui était soutenu à l'audience par un grand nombre de salariés et l'ensemble des membres du conseil semblait détendu à sa sortie du tribunal. « Nous avons agi dans la légalité et dans le respect absolu de la réglementation avant d'aboutir à la motion de grève, qui a été approuvée par la majorité des 6000 employés de l'entreprise. Nous avons tous les documents pour prouver la rationalité de notre démarche, depuis les demandes de médiation et de conciliation que nous avons adressée à l'inspection du travail. De plus tout ce que nous avons entrepris a été constaté par voie d'huissier avec copie à la direction générale d'ArcelorMittal » a déclaré Kouadria. Ceci avant d'assurer que ses camarades et lui-même restent confiants en l'équité et l'indépendance de la justice algérienne dans ce procès qui les oppose à la multinationale. Faut-il rappeler que la direction générale de la filiale algérienne du géant mondial de l'acier avait introduit deux plaintes en référé contre le syndicat au lendemain juste après que les travailleurs soient entrés en grève le 21 juin passé. L'une pour exiger l'arrêt immédiat du mouvement et la seconde pour dénoncer son caractère illégal, selon elle. Indiquons que le tribunal d'El Hadjar, saisi, a ordonné le jour même l'interruption de la grève et que les travailleurs ont décidé en assemblée générale d'ignorer cette injonction, jusqu'à l'irruption dans le conflit de la Centrale syndicale UGTA. Une intervention qui a provoqué l'indignation des travailleurs, contraints bien malgré eux de rejoindre leur poste après trois jours de débrayage sans avoir obtenu quoi que ce soit.