Les divorces se multiplient, les mésententes aussi, les déchirements sont légion, le dialogue n'a aucune place dans les esprits, les cœurs et le palais de la bouche. Et lorsque les ex-couples s'expriment, c'est au palais de... justice. A El Harrach, les juges redoutent d'avoir en face de tels parents qui ne parlent que de pension alimentaire, d'argent, de dinars et de matériel sujets à... corrosion. Dans cette affaire, les parents ont heureusement évoqué les bambins. Enfin, c'est pour cela que Bedri, la présidente de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach (cour d'Alger), a renvoyé les deux «oiseaux» devant l'huissier, avant de... La mère divorcée, mère de deux enfants, qui poursuit son ex pour non-paiement de la pension alimentaire contre les cinq millions de centimes des dommages, avait été priée par Selma Bedri, la présidente de la section correctionnelle d'El Harrach, de relever les deux voiles noirs en vue de l'identification de la victime. Ce que fit vite la dame, enveloppée dans un niqab noir aussi noir que le destin qui l'a frappée, elle, âgée à première vue de vingt-deux ans. L'ex-mari, lui, avançant à grands pas vers la cinquantaine, a une barbe de six jours, une barbe poivre et sel cachant une mine défoncée, probablement atteint par le syndrome des moments heureux vécus durant l'union de quatre ans et demi, période qui verra deux beaux garçons venir au monde. L'ex-épouse n'a pas d'avocat. Nouri, l'ex-mari aussi. Bedri avait posé la question sur la possibilité de constituer un avocat et donc un renvoi est toujours possible. - «Alors, que vous reste-t-il à recevoir, madame !», demande avec beaucoup de prestance la juge. Alors que le bonhomme reste muet, la dame rumine des mots, elle balbutie avant de lâcher entre ses mâchoires : «Il n'a rien réglé, chaque fin de mois, j'attends vainement quelques centaines de dinars pour mes deux enfants rien à l'horizon», lâche-t-elle avec beaucoup d'a-propos, poussant Bedri, à ouvrir une porte... défoncée : «Vous êtes divorcés et depuis quand ?», balance la présidente qui va avoir toutes les réponses sauf ce qu'elle attend. «Il ne veut rien régler. Je lui ai envoyé des hommes, il ne veut rien savoir», jette avec beaucoup de... haine Hanifa. Nouri répond de suite en la regardant «qu'il n'a jamais fait l'objet de notification du jugement». Presque rassurée, la juge venait de saisir toutes les embûches qui séparent ce couple, un couple qui ignore toutes formes de dialogue. «Bon, bon, ça va, vous, inculpé ! Ne vous adressez plus à madame.» Répondez au tribunal qui transmettra s'il y a lieu. Quant à vous madame, prenez rendez-vous avec le père de vos enfants et rendez visite à l'huissier pour revenir ici le 27 du mois.» Le bonhomme perd soudain de sa superbe, en déclarant à la juge que son ex-épouse l'avait toujours ignoré, humilié et même empêché de sortir les enfants. «Je vais vous dire autre chose qui me déchire au plus profond de mes tripes ; lorsqu'elle me permet de voir mes enfants, elle les emmène chez ses parents à ... Bouira. Et comme je n'ai pas les moyens de rejoindre la wilaya “Dix”, je vous laisse deviner les désagréments causés aux enfants, surtout.» Et comme si elle voulait se débarrasser de cet ex-amour fou, elle renvoie le couple à qui elle donne rendez-vous chez l'huissier avant de revenir à la barre.