Même si la question de l'avenir de Rabah Saâdane à la tête des Verts est toujours récurrente, elle n'en est pas moins cruciale à moins de deux mois du prochain match officiel de l'Algérie en éliminatoires de la CAN 2012. L'entraîneur national, ou faut-il dire aujourd'hui l'ex-patron de l'EN, s'étant mis en mode pause et à l'abri des feux de la rampe, n'a pas hésité à nous livrer ses sentiments quelques jours à peine après être rentré d'Afrique du Sud, brisant ainsi le mur du silence. «Mon contrat avec l'équipe nationale étant arrivé à expiration le 30 juin dernier, je peux donc vous dire aujourd'hui que je suis officiellement libre de tout engagement», nous a déclaré d'emblée Saâdane. Et ce n'est certainement un technicien demandeur d'emploi avec lequel nous avons eu cette conversation, car il ne fait aucun doute que dès que cette information sera entérinée par ses ex-employeurs de la FAF, on imagine aisément toutes les offres qui vont pleuvoir sur lui, notamment de la part des pays du Golfe qui ont déjà plus ou moins manifesté leur intérêt pour le «captain Saâdane». Cela ne peut en effet que réconforter l'intéressé, surtout par les temps qui courent où il déplore certaines attitudes à son égard. «Ce qui m'a beaucoup déçu, ce sont les coups dans le dos que j'ai encaissés ces derniers temps. Bon, si je dois dire que la première partie de mon parcours s'est déroulée dans d'excellentes conditions, par la suite il y a eu beaucoup de choses que je déplore et qui ont failli faire tout capoter. Heureusement que mon expérience et mon vécu m'ont permis de bien savoir gérer toutes ces étapes», a-t-il ajouté en donnant l'impression d'un homme à la fois blasé et chagriné, peut-être par le fait de n'avoir pas eu les coudées aussi franches qu'il l'espérait. Pour le moment, Saâdane n'en dit pas plus, car il garde tout de même le sens du devoir et de la réserve, mais il nous avoue tout de même pour la toute première fois un fait troublant : «Vous savez, à un moment donné, j'ai même failli ne pas partir au Mondial tellement j'étais contrarié par ce qui se passait autour de moi.» Est-ce le fait d'avoir eu vent à travers la presse que des contacts avaient été pris avec pas mal de techniciens étrangers qui l'a quelque peu sorti de ses gonds ? Il le concède légitimement, même si le président de la FAF l'a tout de même contacté il y a quelques jours pour lui faire part de son souhait de le voir rempiler avec les Verts. Simplement, le fait que cela ne s'est pas fait avant l'expiration de son contrat mais bien après semble avoir eu un impact négatif sur le moral de L'entraîneur national sortant. Cela n'a pas empêché Saâdane pour autant de demeurer fidèle à sa réputation et à sa conscience professionnelle, puisque comme il nous l'a indiqué il a déjà bien entamé l'éventuelle passation qui pourrait avoir lieu avec un autre entraîneur : «J'ai tout préparé, y compris la programmation du prochain stage, car c'est dans quelques semaines seulement et il faut que l'équipe nationale continue à fonctionner normalement.» Saâdane ne semble d'ailleurs même pas disposé à rentrer dans le débat de… à qui profiterait le changement tout comme il n'exclut à aucun moment formellement un nouveau bail avec les Verts. Si on écoute en filigrane tout ce qu'il nous a dit, on comprend qu'il souhaiterait poursuivre sa mission avec l'équipe nationale avec plus de confiance et de sincérité de la part des responsables de la FAF. D'aucuns s'accordent à dire qu'il le mérite amplement et partagent son point de vue lorsqu'il déclare : «Notre bilan en Coupe du monde est largement positif. Souvenez-vous au départ des éliminatoires, qui avait parié un seul centime pour une qualification en Coupe du monde ? Regardez les autres grands favoris de ce Mondial comment ils sont sortis de la compétition. Qu'avons-nous à nous reprocher ? Franchement rien, car nous avons eu un comportement digne qui a honoré le football algérien. Après le Ghana, nous avons été l'équipe africaine qui a le mieux représenté le continent.» Toujours est-il que Saâdane, entouré de sa famille qui a beaucoup enduré avec lui le stress et la pression durant ces deux dernières années, s'accorde le temps légitime de la réflexion pour se lancer dans une nouvelle épopée avec les Verts. «Avant de prendre ma décision, je vais bien réfléchir et analyser la situation», a-t-il dit en conclusion.