Au moment où 261 familles du vieux bâti, relogées dans de nouveaux logements exultaient, six autres habitant douar Flalis, à l'est d'Oran, tentaient de rassembler, dans la douleur et avec lassitude, leurs maigres effets dispersés par les assauts répétés d'un bulldozer venu éradiquer le site. L'éradication de ce bidonville est intervenue sur la base d'une décision de justice prononcée en faveur du promoteur immobilier Plaza, qui a acquis l'assiette sur laquelle étaient érigées les baraques qui constituaient le douar. «Nous ne sommes pas contre le promoteur qui s'est montré compatissant et qui avait tous les droits pour réclamer le terrain et poursuivre son projet, mais ce que nous ne comprenons pas c'est l'attitude des responsables locaux qui nous ont gavés de promesses et méprisés», affirment des habitants de ce site. Ces derniers, qui avaient occupé les lieux à la fin des années quatre vingt-dix, se définissent comme des omis des différentes opérations de relogement dont ont bénéficié les habitants du douar qui comptaient, dans son apogée, environ 500 familles. Ce furent trois opérations de relogement qui avaient permis le relogement des occupants dans les nouvelles cités haï Essabah, haï El Yasmine et haï Ennour. Certaines mêmes avaient bénéficié de logements à Gdyel, Hassi Mefsoukh et Misserghine. «J'étais membre de la commission qui avait, avec l'ancienne délégation exécutive d'Oran, traité les dossiers des occupants du douar. Mais mon cas a été omis. Au lieu de réparer ce tort on m'avait signifié que j'allais bénéficier d'un logement lors de la prochaine opération. Mais aucune suite favorable n'a été donnée à mes nombreuses requêtes. Je suis restée ici et tous les responsables de la ville sont au courant de mon cas», dira une habitante du site éradiqué. Il y a environ un mois, ces derniers s'étaient constitués en délégation pour se rendre au siège de la chefferie du gouvernement. «Nous avons été bien reçus et un responsable qui nous a accueillis a été attentif à nos doléances. Il avait promis de faire le nécessaire avec les responsables de la wilaya mais à défaut de logements nous sommes à chaque fois contraints de supporter les assauts des bulldozers», diront ces habitants. Ces derniers ne manqueront pas de souligner que lors du dernier recensement général de la population, les agents recenseurs leur ont rendu visite. «Ils nous ont recensés sur les lieux en mentionnant que nous logeons dans des habitations précaires. Nos enfants sont scolarisés à l'école de Seddikia et aujourd'hui on nous jette dans la rue, c'est de la hogra», affirment-ils. Ils ne manqueront pas de lancer un énième SOS à l'adresse des responsables locaux : «Ils sont tous au courant, qu'ils règlent une fois pour toutes notre situation. Si nous n'ouvrons pas droit au logement qu'ils nous le disent, sinon qu'ils réparent cette injustice qui s'abat sur nous.»