La direction de l'urbanisme a recensé 54.500 habitations à haut risque tandis que l'Opgi a fait état de 1990 immeubles menaçant ruine à tout moment. Depuis trois ans, la wilaya d'Oran vit au rythme d'incessants mouvements de protestation. Pour cause, des familles et des résidents de tous les quartiers dénoncent les différentes opérations de relogement qui ont eu lieu. D'innombrables problèmes sont à l'origine de la non-satisfaction de la forte demande. Faut-il reloger les occupants du vieux bâti qui menace de s'écrouler à tout moment? Ajoutez à cela, ceux des bidonvilles et l'habitat précaire, qu'il faut éradiquer à tout prix. Quels sont les habitants à reloger en priorité? Quels sont ceux qui ne peuvent pas en bénéficier? Qui en a déjà bénéficié? Le dossier est épineux et pose de sérieux problèmes. Le vieux bâti, l'habitat précaire et les bidonvilles: des dossiers qui irritent la population. A El Bahia, par exemple, le phénomène du vieux bâti est partout. Le spectre des effondrements hante les esprits. Le nombre des sinistrés est en constante augmentation. A El Hamri, Gambetta, Saint Antoine, Derb, Bel Air, etc., les effondrements font partie du menu quotidien. La direction de l'urbanisme a recensé, à elle seule, pas moins de 54.500 habitations à haut risque tandis que l'Opgi a fait état de 1990 immeubles, menaçant ruine. 6000 familles seront relogées Un taux de 80% de vieilles bâtisses est recensé dans la ville d'Oran. Les deux institutions (DUC et Opgi) viennent de lancer une étude pour diagnostiquer, avec exactitude, le nombre du vieux bâti. Cette étude a eu l'aval du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Zerhouni et du département de l'habitat. Cette étude vise la restructuration urbaine pour pronostiquer une ville futuriste. A la dernière visite qu'il a effectuée à Oran, le chef de l'Etat a ordonné la restauration de 200 vieux immeubles. Un montant de 700 millions de dinars a été alloué à cet effet. D'autre part, les habitants du quartier des Planteurs, situé sur les hauteurs de Sidi El Houari, sont en éternel mouvement et en quête permanente d'un logement décent. C'est devenu une routine, l'Etat doit transférer, au moins, 1000 familles. Des opérations qui se font, souvent, sur fond de contestation. Ce qui se traduit par des mouvements répétés, parfois synchronisés, qu'observent les Oranais à la moindre «étincelle». Ils pointent alors l'index sur tout responsable ayant une relation directe ou indirecte avec le projet. Les habitant de Ras El Aïn ne cessent de demander des logements. En un mot, des quartiers déshérités doivent être démantelés et leurs résidents relogés. Le quartier en question est devenu, depuis août 2006, un vaste chantier. Au total, 9000 familles du quartier des Planteurs sont concernées par le programme de résorption de l'habitat précaire. Jusque-là, 2669 familles ont été relogées à Hay El Yasmine et En Nour, a confirmé M.Saïd Abkari, directeur général de l'Office de promotion et de gestion immobilières (Opgi). 3000 familles seront relogées d'ici la fin de l'année en cours, a ajouté notre interlocuteur. Aussi, l'Etat est, semble-t-il, plus que décidé à accélérer la cadence de recasement des habitants du quartier des Planteurs. Tout porte à le croire, vu les déclarations de M.Abkari qui a annoncé, exclusivement à notre rédaction, que le reste du programme, soit 6000 familles, seront relogées en même temps. Huit sites devant servir d'assiettes de projets ont été désignés. A en croire les responsables du projet, il ne reste que quelques formalités à remplir. Les avis d'appel d'offres portant sur la réalisation des 6000 logements en question ont été lancés. L'opération est actuellement au stade de la sélection des entreprises. Le programme est soutenu par un fonds spécial des Nations unies. L'opération devait être achevée en 2003. Faute de terrain et d'un recensement fiable, le projet a connu un énorme retard. Le recensement des familles nécessitant le relogement a commencé en 2003, tandis que le coup d'envoi des chantiers a été donné, en 2005. Aussitôt la première tranche livrée, la première vague de 1000 familles a été transférée au mois d'août 2006. Deux autres ont suivi en 2007 et la dernière récemment. Les trois opérations réalisées l'ont été sur des fonds exceptionnels. Malgré le relogement, jusque-là, de près de 3000 familles, l'habitat précaire est partout présent. Lors de la dernière visite à Oran, le président de la République avait été ferme dans ses déclarations quant à l'éradication des bidonvilles. Le chef de l'Etat a, alors, exhorté les responsables locaux à mener une politique implacable et ferme contre les bidonvilles et a demandé plus d'efforts pour résorber l'habitat précaire. «Les autorités doivent se munir d'une fermeté implacable...». Plusieurs familles ont, auparavant, réoccupé les bidonvilles abandonnés qui sont aux portes d'Oran. La première vitrine d'El Bahia sont les bidonvilles de Chtaïbo (Hay Nedjma actuellement) et Cité El Amel. Des exemples édifiants au regard d'une passivité inouïe. Les bidonvilles érigés pas loin de la Cité El Amel et Hay Nedjma sont nés pendant la tragédie nationale. 11.000 ont été recensés. Leur délocalisation posera, sérieusement, un autre problème à l'Etat. Faute de bilans, au moins 40.000 personnes vivent dans des bidonvilles près de la ville d'Oran. En finir avec les manigances L'Office de promotion et de gestion immobilières a attribué, cette année, 1423 logements. Quelque 1200 autres seront distribués avant la fin de l'année. Sur les 5000 logements du programme présidentiel, 800 unités sont déjà livrées, le reste connaît des taux de réalisation appréciables, apprend-on de M.Abkari, directeur général de l'Opgi d'Oran. Les prévisions de l'Opgi portent sur la réalisation de 3500 logements durant 2008. Jusqu'au 30 juin, ces mêmes prévisions étaient respectées, a-t-il précise. Ajoutez à cela les différents programmes contenus par l'Aadl, LSP, et la Cnep, la wilaya d'Oran doit bénéficier, d'un lot qui peut dépasser la demande. Mais là, on assiste au renversement de l'équation. La demande n'est toujours pas satisfaite. Les responsables de l'habitat sont plus que convaincus qu'il y a une panne quelque part. «Il faut qu'il y ait une banque de données», a recommandé M.Saïd Abkari. Cette banque jouera le rôle de filtre et assainira tous les dossiers en souffrance depuis des années et recensera les demandeurs de logement. Celle-ci assurera des missions au niveau local et transmettra les données recueillies au fichier national, a-t-il ajouté. Cela dit, selon le directeur général, il est temps d'avoir un fichier réel de demandeurs de logements. L'Office de promotion et de gestion immobilières opte, dans le cadre du recensement de son patrimoine, au renouvellement, tous les trois ans, des baux de location. La deuxième option, selon M.Abkari, est régie par un décret qui remonte à plusieurs années. Le logement à Oran est un vaste chantier. Les responsables de l'habitat sont noyés dans les chiffres, pendant que les populations sont en train de mourir sans pouvoir occuper un jour une habitation décente.