À quoi servirait-il d'évacuer des immeubles menaçant ruine pour les laisser, à peine quelques mois après, squattés par de nouveaux occupants ? C'est la question que se posent actuellement beaucoup de mal-logés du vieux bâti à Oran dont l'attente d'un éventuel relogement semble bien inscrite dans le temps. En effet, et selon des sources proches de la commission technique de la daïra d'Oran, plusieurs immeubles menaçant ruine, ayant déjà fait l'objet d'évacuation lors de précédentes opérations, notamment en 2000 et en 2008, seraient parmi la vingtaine d'immeubles à évacuer “une fois de plus” la semaine prochaine dans le cadre de la troisième tranche de l'opération de relogement “spécial vieux bâti” lancée l'année dernière à Oran. Une opération qui, rappelle-t-on, devra à terme se traduire par la distribution de près de 1 000 logements sociaux au profit d'autant de familles oranaises habitant des immeubles du vieux bâti. Parmi les immeubles dans cette situation, nos sources citent les exemples des 11 et 28 rue Montabord, plus un troisième à la rue Friedland. Trois immeubles qui se trouvent tous dans le même vieux quartier de Derb. Ce dysfonctionnement dans la gestion du dossier sensible du vieux bâti pénalise en premier lieu les aspirants au relogement dont les immeubles n'ont jamais fait l'objet d'évacuation, et ils se comptent par milliers, notamment dans des quartiers comme Sananès, St Antoine, St Pierre et Gambetta. “Si on n'arrive pas à bien gérer la phase qui succède à l'évacuation des immeubles menaçant ruine pour éviter qu'ils ne soient squattés de nouveaux, toutes les opérations de relogement qu'on pourrait lancer, aussi importantes soient-elles, ne sauraient nous permettre d'éradiquer le problème du vieux bâti à Oran”, nous confie un technicien de la commune d'Oran. Pour lui, les autorités locales avaient pourtant, à maintes reprises, insisté sur la nécessité de “démolir les immeubles évacués afin justement d'éviter ce problème de squat, mais aussi pour récupérer des assiettes foncières urbanisables de plus en plus rares à Oran-ville. Plus d'une centaine d'immeubles ayant fait l'objet d'évacuation à l'issue d'opérations de relogement, lancées depuis 2008, devaient faire l'objet d'une démolition. Ces immeubles ont été, note-t-on, répartis en deux catégories. La première concerne des immeubles jugés très dégradés et qui sont sous la menace d'effondrement à tout moment. Ces immeubles doivent être complètement éradiqués et les terrains récupérés pour la réalisation d'équipements structurants. La seconde catégorie concerne pour sa part, des immeubles dont les façades présentent un cachet architectural historique et qui doivent de ce fait être préservées. Pour ces immeubles, les démolitions doivent se faire de l'intérieur, tout en veillant à ce que les façades soient maintenues intactes. Jusqu'à ce jour, l'opération de relogement spécial vieux bâti a profité à près de 400 familles à la faveur des deux premières tranches de cette opération. La première avait permis à 185 familles de bénéficier de logements neufs. Elle a ciblé des habitants des quartiers de Derb, centre-ville et Miramar, dont les habitations menaçant ruine sont classées dans la catégorie rouge. La deuxième tranche a quant à elle concerné des habitations situées à Derb, Sidi El Houari et la rue de la Bastille, entre autres. Au mois de février dernier, 200 immeubles vétustes recensés par les 12 secteurs urbains de la commune d'Oran ont été retenus pour classement. Certains de ces logements peuvent faire l'objet d'une rénovation et d'autres seront évacués et leurs occupants relogés. Il s'agit d'une proposition de classement de ces bâtisses, selon le degré de vétusté, faite par les secteurs urbains à la commission technique du vieux bâti présidée par le chef de daïra d'Oran. Il sera ainsi procédé à une expertise pour boucler ce dossier de classification et permettre aux membres de la commission de logements d'élaborer la liste des bénéficiaires. Le nombre prévisionnel de logements devant être expertisé au niveau des communes d'Oran, d'Arzew et de Mers El-Kébir, dans le cadre du vieux bâti, est estimé à près de 54 000 unités dont 24 000 ont été diagnostiqués, selon les services de la wilaya.