Sur les 1049 familles évacuées depuis jeudi des sites d'habitations précaires, 740 habitaient dans la commune de Oued Koreiche. Hier matin, les bidonvilles Sonatro, Fontaine fraîche et la Baucheraye étaient des champs de ruines. La population a été transférée, samedi après-midi, vers les parkings du stade 5 Juillet avant leur relogement à partir de minuit dans de nouvelles cités à Souidania, Baraki et Zéralda. Au jardin public Taleb Abderrahmane de Bab El Oued, malgré le réaménagement des lieux, avec notamment la création de la Fontaine de l'espérance, fruit d'un partenariat entre la capitale et la ville de Marseille, inaugurée le 7 juin, un fait continue d'attirer l'attention des passants : c'est la fermeture du fast-food Le Manchester United. L'établissement ne sert plus de la chawarma à ses nombreux habitués depuis début octobre 2009, date à laquelle il a été le point de départ d'une violente rixe opposant les jeunes du quartier à ceux du bidonville Sonatro de Oued Koreiche. La bagarre générale a causé beaucoup de dégâts matériels (des dizaines de voitures saccagées) sans compter les blessés dans les deux camps. C'était au Manchester United, qui restait ouvert jusqu'aux premières heures de la matinée, qu'un jeune de Sonatro avait été tabassé par des gens de Bab El Oued pour avoir commandé un sandwich sans le payer. La suite était prévisible : la victime s'était immédiatement rendue à Sonatro, a ameuté les proches avant de se diriger vers le lieu du crime et saccager tout sur leur passage en aller-retour. Comme justice n'aurait pas été faite ce jour-là, les deux groupes se sont mesurés à coups de sabres à deux nouvelles reprises au moins dans le quartier la Bazetta, tout au long du boulevard Saïd Touati. Mais toujours pas de gagnant. L'affaire restera-t-elle pendante pour autant ? Le scénario est improbable et c'est très probablement la réouverture du Manchester United qui le confirmera. La raison ? Le camp Sonatro se retire définitivement de la bataille. C'était dans la nui du samedi, à l'occasion d'une opération de... recasement de la population décidée par la wilaya. Après le relogement, la démolition Le transfert des familles a eu lieu plus tôt que prévu. Annoncé pour hier et demain par les autorités, le relogement de quelque 740 familles habitant les bidonvilles de Sonatro (Diar El Kaf), Fontaine fraîche et la Baucheraye, dans la commune de Oued Koreiche, a été organisé au contraire dès l'après-midi du samedi. Il a duré toute la nuit. Hier matin, il ne restait plus personne dans les sites retenus dans le programme d'évacuation de la population des sites précaires. Cette nouvelle phase, portant sur le recasement au total de 1049 familles, a été entamée jeudi matin par le transfert de 39 familles de la ferme Bakour, à Saïd Hamdine, dans la commune de Bir Mourad Raïs, vers la cité des 325 logements de Saoula (13 familles), Birtouta (12 familles), Aïn Naâdja (12) et la cité Tahar Bouchet, dans la commune de Birkhadem (2 familles). Une fois la ferme Bakour évacuée, la wilaya s'est tournée vers la commune de Oued Koreiche, la principale bénéficiaire de cette action, et Bab Ezzouar (bidonville El Djazira). Sonatro était hier un champ de ruines. Plus aucune famille n'est restée sur place. La casse n'est pas l'œuvre vengeresse des jeunes de Bab El Oued, elle est due à une opération d'assainissement du terrain lancée par la wilaya juste après l'évacuation de 316 familles, soit environs 1500 personnes. «Les occupants ont été transférés vers le stade 5 Juillet samedi après-midi. Le dispatching des familles sur les sites d'accueil a commencé sur place à partir de minuit», indique-t-on. Dès les premières lueurs, la wilaya a fait intervenir des engins de travaux publics afin de détruire toutes les baraques construites en parpaing et évacuer les gravats du chantier. Le travail se fait sans interruption. Les intervenants s'acharnaient sur les fragiles constructions comme s'ils cherchaient à en finir le plus tôt possible. Une dizaine d'agents armés de la police communale étaient là. En novembre dernier, à l'occasion du relogement de 284 familles de Diar El Kaf, les gens de Sonatro assistaient en spectateurs et pensaient à troubler l'ordre public dans le but d'obtenir des autorités leur évacuation de ce site infâme. Hier, c'était le contraire qui s'était produit : les occupants du bâtiment D de la cité regardaient leurs voisins partir pour de bon. Ils étaient là pour leur dire "Adieu» !